La coopération économique entre les deux pays pourrait même être bloquée si le malentendu persiste Le ministère des Affaires étrangères compte bien faire entendre sa voix dans le conflit opposant Nezzar à la Confédération helvétique. Le général à la retraite, Khaled Nezzar, ancien ministre algérien de la Défense, ne se défendra pas seul dans le différend qui l'oppose à la Confédération helvétique. Il pourrait bientôt bénéficier de l'appui du gouvernement algérien. Certaines informations font état d'une éventuelle convocation de l'ambassadeur au siège du ministère des Affaires étrangères. La coopération économique entre les deux pays pourrait même être bloquée si le malentendu persiste et de nouveaux contrats ne seront pas signés par la partie algérienne. Devrait-on alors s'attendre à un long bras de fer? Le général à la retraite a estimé, dès le début du mois, que le refus d'un tribunal suisse de lui accorder l'immunité dans le cadre d'une instruction «pour suspicion de crimes de guerre» n'était qu'une étape dans l'affaire. A l'époque, il n'avait rien dit d'autre car il considérait que c'était une affaire de procédures. Il répondait ainsi à des déclarations antérieures de la porte-parole du Tribunal pénal fédéral suisse, Mascha Gregori. Elle avait déclaré que l'immunité n'a pas été reconnue au général Nezzar pour des «actes commis durant son mandat», confirmant une information publiée par l'ONG suisse Trial. Par la formule d'actes commis durant son mandat, il faut entendre la lutte contre le terrorisme. Le général Khaled Nezzar avait été ministre de la Défense et membre du Haut comité d'Etat suite à la démission du président Chadli Bendjedid en janvier 1992 et l'arrêt du processus électoral qui promettait une victoire écrasante aux islamistes. Mais certains islamistes réfugiés en Occident n'arrivent toujours pas à digérer cet épisode et tentent de se venger sur des hommes qui ont été à la pointe de ce combat. En Suisse, on précise que c'est le Ministère public de la Confédération (procureur) qui a ouvert une instruction pour suspicion de crimes de guerre. C'est l'ONG suisse Trial, appuyée par les plaintes de deux personnes qui se présentent comme des victimes qui ont déposé cette plainte. Le général a déjà été arrêté à Genève le 20 octobre 2011, à l'occasion d'un voyage pour des soins. Il avait été remis en liberté deux jours plus tard sur la promesse de participer à la suite de la procédure à laquelle l'ancien ministre de la Défense s'en tient toujours. Il a d'ailleurs indiqué que ses avocats ne diront rien et qu'ils sont en train de travailler en Suisse et en Algérie. Parmi ses avocats algériens, qui sont bénévoles, se trouve Ali Haroun, également membre du HCE jusqu'à sa dissolution le 30 janvier 1994. Apparemment, le différend a dépassé le stade d'une simple affaire de justice. Une cellule spéciale se serait même réunie au siège du ministère des Affaires étrangères pour étudier le dossier et se concerter sur la riposte à adopter. Une protestation officielle pourrait être remise à l'ambassadeur suisse. De la sorte, l'Algérie signifierait qu'elle considère les poursuites contre Nezzar comme une ingérence dans ses affaires intérieures car un tribunal étranger n'a pas à juger des évènements qui se sont déroulés en Algérie, à supposer qu'ils puissent faire l'objet de poursuites. Des questions ont été posées à Nezzar lors de son séjour en Suisse et beaucoup ont considéré que leur contenu dépassait la simple recherche de la manifestation de la vérité. Ce serait aussi la première réaction officielle des autorités publiques à ce sujet. L'affaire aurait été discutée au sein de la division Europe au ministère pour l'aborder dans un contexte global qui est celui des conditions de circulation des Algériens en Europe et dans l'espace Schenguen.