L'inquiétude et la peur commencent à s'installer chez les récalcitrants. Devant les décisions de radiation des enseignants grévistes et la campagne d'intox orchestrée par la tutelle, les sentiments d'inquiétude et de peur commencent à s'installer au sein des récalcitrants. D'emblée, un membre du bureau du Cnapest d'Alger dira: «Depuis le début de la protestation, le 27 septembre, on est arrivé aujourd'hui à une étape décisive. Les enseignants grévistes commencent à subir l'impact négatif des mesures coercitives du gouvernement. La peur c'est humain.» Toutefois, le taux de débrayage reste important à l'exemple de la wilaya de Jijel où on a enregistré, hier, selon le Cnapest, plus de 95% et à Sétif de 90%. L'orateur fait remarquer à l'assistance: «S'ils pouvaient remplacer les 60.000 PES, ils l'auraient fait samedi dernier.» Une autre enseignante intervient: «Nous vivons une guerre psychologique menée par la télévision. On n'a pas le droit de laisser tomber le mouvement.» M.Rezig, membre du bureau national, enchaîne: «Souvenez-vous de la grève du Cnes. Elle a commencé par 16.000 grévistes et suite aux menaces et manipulations il n'en est resté que 80.» Un enseignant du lycée Amara Rachid raconte: «Hier matin, un commissaire de la PJ nous a dit qu'à partir d'aujourd'hui nous ne pouvons accéder à l'établissement», en concluant: «Nous n'avons pas le droit de perdre le capital sympathie de la société civile. C'est l'heure de l'engagement personnel.» Pour ce délégué d'Alger, recruter des vacataires est antipédagogique. «Ce n'est pas facile de faire du syndicalisme dans un pays stalinien», conclut-il. Au lycée Sainte Elizabeth, une enseignante fait savoir que 15 professeurs vont reprendre la grève ce mercredi. Une enseignante à l'Eucalyptus dira: «La grève demeure à 100% mais on commence à sentir un certain trouble psychologique.» Au lycée Hamia, 15 remplaçants ont été, selon un enseignant, chassés par les élèves de l'établissement. Le Cnapest d'Alger annonce que sur 36 lycées, le taux de reprise a été hier matin de 12,63%. Ensuite les enseignants affiliés au CLA prennent le relais. Le SG, M.Osmane, déclare: «Le ministre s'est jeté dans un piège. Nous ne voulons pas de dérapages ni de casse. Nous suspendrons la grève dès la levée des poursuites judiciaires.» Le SG du CLA informe l'assistance que les directeurs des lycées El Idrissi, El Mokrani et Hamia ont été relevés de leurs fonctions. Ensuite, Me Meziane, avocat, intervient pour démontrer les vices de forme que contiennent les avis de radiation. Selon cet avocat, «si la grève est illégale, les enseignants doivent passer en conseil de discipline. Si les grévistes sont en abandon de poste, ils sont justiciables de la commission du conseil de discipline. L'administration viole la loi.» «Seule l'APN peut légiférer», conclut l'avocat. «La loi 90-02 interdit à tout employeur de recruter des gens pour remplacer les grévistes», souligne M.Méziane. De son côté, le SG du CLA déclare que «sur les 44 lycées d'Alger, le taux de la grève hier matin était de 98%».