Il est patent que des parties ne tiennent pas à voir la Syrie retrouver le calme et donner la possibilité aux belligérants de s'asseoir autour d'une table pour, enfin, discuter du futur de l'ancien pays du Cham ouvrant la voie à une véritable paix négociée et la prise en charge du pays par les Syriens. Il est évident que ce scénario qui n'entre pas dans les plans de personnes qui, depuis les évènements sanglants qui martyrisent la Syrie depuis près de vingt mois, veulent imposer au peuple syrien leurs propres vues sur ce que doit devenir demain la Syrie. Pour la rébellion et ceux qui soutiennent - militairement (les rebelles utilisent des missiles Stingers que l'armée syrienne ne possède pas) financièrement et diplomatiquement - l'opposition armée en Syrie, les efforts que fournit l'ancien diplomate algérien, Lakhdar Brahimi - qui a réussi à obtenir un cessez-le-feu que peu d'observateurs croyaient possible - ne doivent pas aboutir et demeurer lettre morte. L'attentat de samedi à la voiture piégée au centre de la ville de Deir Ezzor (nord-ouest) qui a causé la mort de cinq personnes participe de ces tentatives de rompre la première trêve réalisée en Syrie depuis vingt mois. Ce sont les mêmes qui ont poussé l'ex-émissaire international, Koffi Annan, à démissionner devant les obstacles qui se sont accumulés devant sa mission de trouver une solution à la crise en Syrie. La télévision syrienne a fait part hier de l'explosion d'une voiture piégée à Deir Ezzor devant une église, sans faire état, toutefois, de victimes. «Les bandes terroristes armées ont une nouvelle fois violé la trêve, en faisant exploser une voiture piégée devant l'église syriaque de Deir Ezzor, causant d'importants dégâts matériels, notamment à la façade de l'église», a ainsi indiqué la chaîne de télévision. Damas, rappelle-t-on s'est engagée a faire taire les armes durant toute la période de cessez-le-feu pour Aïd el-Adha conformément à une trêve souhaitée et réalisée - à titre personnel - par l'émissaire international pour la Syrie Lakhdar Brahimi. Il est dès lors remarquable de noter que, plutôt d'appuyer la démarche de l'émissaire international, aux fins de consolider une trêve qui, dès le départ, était fragile, des voix, souvent autorisées, n'ont pas hésité à dire leur scepticisme ou encore faire montre d'exigence hors de propos. C'est notamment le cas de Paris qui, dès l'annonce par M.Brahimi de la trêve de l'Aïd el Adha, Paris a immédiatement appelé certes à une «cessation durable des hostilités» mais surtout au «retour de l'armée syrienne dans ses casernes». Plutôt singulier quand on attendait que la France, membre permanent du Conseil de sécurité exige d'abord le dépôt des armes par les rebelles qui ont pris les armes contre l'Etat et le pouvoir légal de Syrie. Il faut également relever dans ce contexte le rôle nuisible jouer par le Qatar qui n'a cessé ces derniers mois de souffler sur le feu ne lésinant pas sur l'aide financière aux rebelles pour faire tomber le chef de l'Etat syrien Bachar Al Assad. De fait, Doha a mal pris l'annonce du cessez-le-feu par Lakhdar Brahimi lequel a su recadrer la problématique syrienne vis-à-vis, singulièrement, du Premier ministre du Qatar qui voulait faire de la crise syrienne une affaire personnelle - qui demandait prioritairement la tête de Bachar Al Assad - allant jusqu'à «convoquer» à sa résidence du Caire l'émissaire international de passage dans la capitale égyptienne. Les violations du cessez-le-feu, hier le premier jour de l'Aïd, peuvent avoir un rapport direct avec les manoeuvres en coulisse qui tentent de faire avorter la trêve. Certes, il restait difficile dans le chaos - voulu et entretenu - qui règne en Syrie de faire observer une trêve par tous surtout lorsque la rébellion est une mosaïque où chacun joue au chef, personne n'obéit à personne et les plus engagés organisant sur le terrain les objectifs décidés en coulisse. La reprise partielle des violences en Syrie est en fait le résultat de manoeuvres de coulisses peu désireuses de voir cette trêve perdurer. De fait, un «commandant» rebelle est allé jusqu'à qualifier la trêve de «mensonge soulignant: «C'est un échec de Brahimi, cette initiative est mort-née». La voix de son maître! Par la voix d'un des chefs rebelles, c'est en fait le Qatar qui exprimait son dépit du fait que Brahimi - même si effectivement la trêve est désormais menacée - ait réussi à faire accepter par l'ensemble des parties belligérantes le principe du cessez-le-feu et de faire taire les armes. Un cessez-le-feu annoncé par les rebelles et le gouvernement. Si cette trêve échoue, ce n'est certes pas le fait de Lakhdar Brahimi, mais du fait de ceux qui ont violé la trêve et ceux qui, par leur soutien multiforme, incitent depuis des mois à la tuerie entre Syriens. En réalité, beaucoup de pays n'ont pas accepté que Brahimi réussisse là où nombre d'émissaires ont échoué et où on le voyait se «casser» les dents à son tour. Les rebelles disposent désormais d'un armement lourd qui leur permet sur nombre de fronts de mettre en échec l'armée régulière syrienne laquelle ne dispose pas de l'armement sophistiqué aux mains des rebelles syriens tels que les Stingers américains, ceux-là même qui ont permis au «Moudjahidine» afghans de chasser l'armée rouge d'Afghanistan. On peut toujours poser la question: à qui profite le crime? Qui finance la rébellion syrienne? Qui arme et recrute les «djihadistes» - notamment les milices islamistes libyens qui ont participé à la chute d'El Gueddafi? Qui paye les déserteurs syriens? Répondre à ces questions, c'est aussi avoir le fin mot de ceux qui sont derrière - en particulier - le «printemps arabe» en Syrie. Un printemps qui a lamentablement avorté.