Le nouveau patriarche copte d'Egypte Tawadros II a affirmé qu'il rejetterait la future Constitution si celle-ci imposait une religion d'Etat dans ce pays majoritairement musulman, a rapporté hier la presse égyptienne. Tawadros II, dont la communauté est de plus en plus inquiète face au pouvoir islamiste, a par ailleurs appelé les chrétiens à ne pas quitter le pays, soulignant qu'ils coexistent depuis des siècles avec les musulmans. «Une Constitution qui suggère l'imposition d'une religion d'Etat en Egypte est absolument rejetée», a-t-il dit à des journalistes lundi, au lendemain de sa désignation comme patriarche, a rapporté le quotidien indépendant al-Watan. La rédaction de la future Constitution égyptienne, sur laquelle la commission constituante devrait se prononcer dimanche, est à l'origine de fortes tensions. Les fondamentalistes musulmans réclament qu'elle fasse des «préceptes de la chari'â» le fondement de la législation, une perspective vivement rejetée par les milieux libéraux et laïques. La Constitution en vigueur sous Hosni Moubarak, suspendue l'an dernier après sa chute, se limitait à se référer aux «principes» de la loi islamique comme «source principale» de la législation, une formulation plus souple considérée comme un moindre mal par certains libéraux. S'adressant par ailleurs aux Coptes qui envisagent de s'exiler après plusieurs attaques visant cette communauté orthodoxe ces deux dernières années, le nouveau patriarche a souligné que l'Egypte est «une terre sacrée n'ayant pas d'équivalent dans le monde. Concernant nos frères dans le pays, qu'ils soient islamistes ou autre, nous vivons ensemble depuis 15 siècles», a-t-il rappelé. Les Coptes, la plus grande communauté chrétienne du Moyen-Orient, sont inquiets face à la montée en puissance de l'islamisme, qui s'est traduite par l'élection en juin d'un président issu des Frères musulmans, Mohamed Morsi. La multiplication de violences à caractère confessionnel a accru leur crainte, alors qu'ils s'estiment depuis longtemps victimes de discriminations. Le 31 décembre 2010, un attentat avait ainsi fait une vingtaine de morts dans une église d'Alexandrie (nord).