L'Algérie n'est pas un timbre-poste. C'est un pays qui a les dimensions d'un continent, d'où la nécessité de lui offrir un réseau routier, ferroviaire, portuaire et aéroportuaire conséquent. Mais ce n'est pas avec le rythme d'un escargot qu'on a des chances de faire avancer ces projets. Tous ces grands travaux qui remontent aux années quatre-vingts, voire les années soixante-dix pour la transaharienne, et que le pays traîne comme un boulet pourront continuer à traîner et à être des gouffres financiers si des mesures énergiques ne sont pas prises. Et c'est ce qui a été fait par M.Amar Ghoul dès son arrivée à la tête du ministère des Travaux publics. Beaucoup de gens pourraient penser que ce ministère est un département technique, mais en réalité c'est un département hautement stratégique, puisque c'est là que sont lancés et c'est de là que sont censés être pilotés les projets. Comment peut-on un seul instant envisager de promouvoir le développement d'un pays alors même que les infrastructures de base sont inexistantes ou tout au moins sont dans un mauvais état. Comme a tenu à le déclarer M. Amar Ghoul lui-même, «ce n'est pas un problème d'argent mais un problème de vision globale et de suivi». C'est la raison pour laquelle cinq schémas directeurs ont été élaborés couvrant la période 2002-2020, avec une réévaluation tous les cinq ans. Ces plans concernent les infrastructures routières, les infrastructures aéroportuaires, les infrastructures maritimes, la signalisation routière et les ressources humaines, notamment l'encadrement. Pour venir à bout d'un programme aussi titanesque, il ne fallait pas ronronner avec la même routine. D'où il a été décidé de rayer du vocabulaire le 1X8, pour introduire dans le cahier des charges l'obligation du 2X8, voire du 3X8. C'est ainsi que des projets qui sommeillent depuis plus de vingt-cinq ans sont subitement tirés de leur léthargie et réactivés au grand bonheur d'un secteur qui est lui-même la locomotive du développement et de la croissance. La seule autoroute Est-Ouest, enserrée dans une ceinture de 100 à 150 km, sera un véritable pôle attractif pour l'investissement par la création de stations-services, motels, relais routiers, supérettes et autres PME-PMI. L'autre obligation inscrite dans le cahier des charges concerne le volet label qualité : la route doit tenir au minimum dix ans pour amortir l'investissement en réduisant les frais d'entretien. Ce n'est plus le moins-disant qui a le vent en poupe, mais la performance et la qualité.