Le pouvoir marocain a ignoré «les appels à juger les accusés dans un tribunal civil indépendant et impartial» Le Haut Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme s'est dit «inquiet des rapports selon lesquels la plupart des accusés sahraouis ont été torturés ou maltraités pendant leur détention provisoire». Les 24 Sahraouis de Gdeim Izik affirment avoir été torturés. La justice marocaine n'a pas jugé utile d'enquêter. Le pouvoir marocain reste muet. La communauté internationale a pris la parole pour dénoncer les conditions dans lesquelles s'est déroulé le procès des 24 militants sahraouis. «Le recours aux tribunaux militaires ou d'exception pour juger des civils soulève de sérieux problèmes quant à l'équité, l'impartialité et l'indépendance de l'appareil de justice» a déclaré le 19 février lors d'un point de presse le porte-parole du Haut Commissariat de l'Organisation des Nations unies aux droits de l'homme. Le Hcdh était très «préoccupé par le recours des autorités marocaines à un tribunal militaire pour juger et condamner les 25 civils sahraouis» arrêtés après l'assaut lancé le 8 novembre 2010 par les forces de répression marocaines contre le «camp de la dignité» de Gdeim Izik à Laâyoune a indiqué le communiqué de l'agence onusienne dont le rôle est de promouvoir, de veiller au respect du droit international des droits de l'homme et du droit international humanitaire dans le monde. Des droits transgressés par le Maroc. Des rapports d'organisations de défense des droits de l'homme (Fondation Robert Kennedy, Human Rights Watch...) l'ont confirmé. Le rapporteur spécial de l'ONU sur la torture, qui a séjourné au Maroc et au Sahara occidental entre les 15 et 22 septembre 2012, a fait état de l'usage de cette pratique. «Il ne devrait pas être surprenant que des actes équivalant à la torture soient commis à l'occasion d'événements particulièrement intenses, tels que des grandes manifestations...», avait révélé Juan Mendez, lors de la conférence de presse qu'il avait animée à Rabat à la fin de sa mission. Le porte-parole du Haut Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme, Rupert Colville s'est dit inquiet des rapports «selon lesquels la plupart des accusés sahraouis ont été torturés ou maltraités pendant leur détention provisoire». «S'il était important que justice soit faite suite aux événements du camp de Gdeim Izik, il était également important que les procédures judiciaires soient scrupuleusement respectées selon les normes internationales d'équité des procès», souligne le responsable onusien. Amnesty International qui a vilipendé le procès des 24 Sahraouis a purement et simplement demandé aux autorités marocaines «de rejuger les 24 prisonniers sahraouis dans un procès équitable, ainsi que l'ouverture d'une enquête sur leurs déclarations liées à la torture et aux aveux obtenus par la violence». Le pouvoir marocain a ignoré «les appels à juger les accusés dans un tribunal civil indépendant et impartial, au lieu de cela, ils ont opté pour un tribunal militaire où les civils ne peuvent jamais bénéficier d'un procès équitable», a déclaré Ann Harrison, directrice adjoint du programme d'Amnesty International pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord. «Le recours aux tribunaux militaires a été aggravé par le fait que les allégations de torture n'ont pas été étudiées, ce qui jette un «sérieux doute» sur la volonté du Maroc de garantir un verdict juste et amènent à s'interroger sur sa volonté de garantir un jugement de culpabilité, plutôt que de rendre justice», conclut Ann Harrison. Le Front Polisario a de son côté appelé le Conseil de sécurité «à intervenir dans les plus brefs délais pour demander l'annulation des décisions arbitraires prises par le tribunal militaire du Maroc, et la libération de tous les détenus politiques sahraouis qui croupissent dans les prisons marocaines», souligne une lettre adressée par Ahmed Boukhari, le représentant du Front Polisario à l'ONU, au président du Conseil de sécurité, Kim Sook...