Les élections législatives doivent commencer le 22 avril et s'étaler sur deux mois. Le président égyptien Mohamed Morsi a appelé l'opposition à une réunion hier pour discuter des élections législatives prévues dans moins de deux mois, que certains opposants ont appelé à boycotter. «Demain, je dis à tous, aux frères dans les divers partis dans toute l'Egypte qu'ils viennent (...) pour qu'on s'assoie et qu'on mette au point les garanties pour la transparence et l'intégrité des élections», a déclaré M.Morsi lors d'une interview à la chaîne de télévision privée Mehwar. L'interview, qui devait être diffusée en début de soirée dimanche, a finalement été retransmise avec plusieurs heures de retard pour se terminer à l'aube, provoquant les sarcasmes de nombreux internautes sur les réseaux sociaux. Les élections législatives doivent commencer le 22 avril et s'étaler sur deux mois. Des opposants ont mis en cause leur transparence et le moment choisi pour les organiser, estimant que le pays était trop divisé pour qu'elles se tiennent dans le calme. L'une des figures de proue de l'opposition, Mohamed El Baradei, a appelé samedi à les boycotter en évoquant une «supercherie». J'ai «appelé au boycott des élections législatives en 2010 pour montrer qu'il s'agissait d'une parodie de démocratie. Aujourd'hui, je répète mon appel, (je ne ferai) pas partie de cette supercherie», a affirmé M.El Baradei sur son compte Twitter. Réagissant à la nouvelle date des législative, le Prix Nobel 2005 a indiqué que la tenue d'élections législatives en avril prochain en Egypte conduira le pays au «chaos», a-t-il averti. Selon le Prix Nobel de la Paix 2005, qui a appelé samedi à boycotter ces élections législatives, évoquant une «supercherie»; les tortures, les enlèvements et le manque de justice sociale gangrènent toujours la société égyptienne. Persévérer dans ces circonstances risque de conduire le pays sur «la route du chaos total et de l'instabilité», a-t-il déclaré à la BBC. Le coordinateur du Front du salut national (FSN), qui réunit des mouvements et partis en majorité libéraux et de gauche, semble laisser entendre que le scrutin pourrait être truqué comme cela avait été le cas en 2010, sous le président déchu Hosni Moubarak. D'autres responsables du FSN ont néanmoins indiqué qu'ils devaient encore se mettre d'accord sur une éventuelle décision de boycott. Les Frères musulmans, dont est issu le président Morsi, et les salafistes dominaient la précédente Assemblée élue à l'hiver 2011/2012 et dissoute en juin 2012, après une décision de la plus haute juridiction d'Egypte jugeant la loi électorale anticonstitutionnelle. M.Morsi a aussi assuré dans l'interview qu'il n'y avait pas de conflit entre lui et l'armée, après des rumeurs selon lesquelles la relation entre la présidence et les militaires était tendue. «Il ne peut y avoir de différend entre l'institution présidentielle et les forces armées, parce que le président et les forces armées ne sont pas deux parties, ils sont une seule partie», a-t-il dit, en démentant toute tentative des Frères musulmans de «noyauter» l'armée. L'institution militaire, qui a dirigé l'Egypte pendant près d'un an et demi après la chute de Hosni Moubarak en février 2011, est plus discrète depuis que M.Morsi a écarté en août son ancien ministre de la Défense, le maréchal Hussein Tantaoui. Elle s'est toutefois manifestée en décembre pour appeler au dialogue et rappeler son rôle de garante de la stabilité du pays, lors d'une crise liée à l'adoption d'un projet de Constitution controversé. Elle est aussi montée au créneau en janvier pour mettre en garde contre «l'effondrement de l'Etat» après la mort de dizaines de personnes en quelques jours lors d'affrontements.