Censés éclairer l'opinion publique et soutenir les citoyens, les élus se murent dans le silence. Les députés vivent-ils sur une autre planète? Où sont-ils passés? Alors que la situation bouillonne un peu partout à travers le pays, les élus du peuple s'éclipsent, laissant les citoyens livrés à eux-mêmes. Pourtant, ce ne sont pas les événements qui manquent. Les mouvements de grève se succèdent. Aucun secteur n'est épargné. Les scandales liés à des affaires de corruption se multiplient. L'affaire de Sonatrach vient en prolongement de l'autoroute Est-Ouest. Tous ces événements n'arrivent pas à capter l'intérêt des députés. Ils les laissent même de marbre. «Je me demande que font les députés, alors qu'ils sont toujours absents à l'APN?», s'interroge un responsable au sein de l'Assemblée nationale. «Nous n'avons enregistré aucune demande pour la constitution d'une commission d'enquête», déplore notre interlocuteur qui explique que tout, dans ce sens, doit être validé par le bureau de l'Assemblée. Alors qu'ils sont censés éclairer l'opinion publique et soutenir les citoyens, les élus se murent dans le silence. Pourquoi? Pourtant la Constitution permet aux élus de contrôler sur le terrain la gestion des deniers publics à travers les commissions d'enquête. Les députés en mal de crédibilité auprès des citoyens passent encore à côté du sujet. Lors des débats sur la loi de finances 2010, les députés ont fait un procès sévère au gouvernement sur la gestion des ressources de l'Etat. Finalement, ce n'est que de la poudre aux yeux. Même si les moyens font défaut, il n'en demeure pas moins que la volonté trahit nos élus. Les scandales de corruption occupent ces derniers temps les manchettes de la presse nationale, sans faire réagir les représentants du peuple. Il est vrai, pour les affaires en justice, la loi organique 97-02 interdit la constitution d'une commission d'enquête, affirme notre interlocuteur, il n'en demeure pas moins que les députés n'assument pas leur tâche. Preuve en est, même les conflits sociaux n'ont pas polarisé leur attention. Alors que la grève des praticiens de la santé s'apprête à boucler son mois, aucune initiative n'a été prise par les parlementaires pour tenter de résoudre le problème. Ces représentants peuvent, dans ce cas, être l'intermédiaire entre les syndicats et les pouvoirs publics et parvenir à crever l'abcès. Occupés par d'autres priorités, ces parlementaires se contentent de voter des lois, déjà adoptées, et d'interpeller de temps à autre le gouvernement. Notre interlocuteur confirme que l'action de contrôle se limite simplement à des questions orales et écrites que transmet le Parlement à l'Exécutif. D'ailleurs, pour cette session d'automne, le bilan de l'activité s'annonce très faible. Durant six mois, les élus n'ont eu droit qu'à un projet de loi et trois ordonnances. Depuis l'adoption de la loi de finances 2010 en début décembre, les députés sont en congé anticipé, en attendant la clôture de la session d'automne prévue pour le 2 février prochain. Avec un salaire de 30 millions de centimes, les députés n'ont pas besoin de se casser la tête.