Curieusement, le PT s'est abstenu de voter deux des trois propositions. L'APN, à la veille de sa clôture, a connu hier une nouvelle journée mouvementée. Très tôt le matin, plus d'une centaine de députés du FLN ont repris leur sit-in permanent au niveau du hall central de l'hémicycle. Le rassemblement, ponctué par des slogans hostiles au président Bouteflika et louant les mérites de leur secrétaire général, a duré presque une heure, devant le restant des parlementaires ainsi que les journalistes. Pendant ce temps, on s'en doute, les quelques élus redresseurs se faisaient tout petits, rasant presque les murs. Les travaux de la plénière ont fini par commencer aux environs de 10 heures du matin. A l'ordre du jour, un programme on ne peut plus chargé et important puisqu'il ne s'agit rien moins que de la mise en place de trois commissions d'enquête visant directement Zerhouni et Ouyahia et, partant, le président Bouteflika en personne. Le premier à prendre la parole est Djahid Younsi du mouvement El-Islah pour demander la mise en place d'une commission d'enquête à propos des dépassements commis par des walis. Dans sa déclaration, le député évoque «des activités illégales de la part de certains walis». Plus précisément, il est question d'«activités politiques et d'ingérence dans les affaires internes de certains partis comme nous l'avons clairement constaté lors de la dernière sénatoriale». Outre la mauvaise gestion et l'abus de pouvoir, il est fait état de la crainte que ces hauts commis de l'Etat ne fassent montre des mêmes comportements lors de la prochaine présidentielle. Seul le RND a voté contre, alors que le PT, étonnant tout le monde a joint ses voix à celles du MSP pour s'abstenir. Le RND, par la voix de Miloud Chorfi, explique qu'il «est hors de question de mettre en cause la crédibilité des institutions algériennes». Djelloul Djoudi, du PT, précise quant à lui que «le parti inscrit son activité dans un cadre national» et que son parti «n'a pas constaté les dépassements dont il est fait état dans le document». Abderrezak Mokri, visiblement excédé par le comportement de ses pairs du FLN, a littéralement animé une conférence de presse pour se demander pourquoi ce parti, «qui a la majorité absolue, doit aller au bout de sa logique d'opposition en votant une motion de censure contre le gouvernement afin de le faire tomber puisque c'est une des revendications du FLN». Mokri ajoute, à propos de l'audience qu'a accordée Bouteflika à Bouguerra, que cela «rentre dans le cadre des contacts tous azimuts avec les acteurs, comme c'est le cas avec le groupe des onze, afin de faire en sorte que les élections se déroulent dans les meilleures conditions possibles». Pour ce qui est de la commission d'enquête sur l'atteinte à l'immunité des députés, seul le RND s'est abstenu alors que tous les autres députés ont voté pour. L'intervenant, évoquant les graves incidents du 4 janvier passé, a parlé de «graves dérapages, où la violence verbale et physique a été utilisée contre des députés». Miloud Chorfi, visiblement gêné de se trouver en porte-à-faux par rapport à tout le monde, a justifié son abstention par le fait que la Constitution protège clairement dans certains de ses articles l'immunité du parlementaire, ce qui rendrait inutile cette commission d'enquête. La troisième, enfin, a trait à l'utilisation des deniers publics. L'allusion, visant directement le mouvement de redressement, souligne «l'utilisation des moyens et deniers publics à des fins douteuses par des walis et des ministères, mais aussi l'octroi de sommes importantes à des associations fantômes». Il s'agit, sans aucun doute, des sept fameuses associations dont se servait le mouvement de redressement pour «légaliser» ses activités publiques et politiques. Là encore, le PT et le MSP se sont abstenus alors que le RND a dit non. Djelloul Djoudi explique cette position par le fait que «son parti estime que le meilleur moyen de contrôler la dépense des deniers publics doit passer par la loi de finances, or toutes nos propositions d'amendements en ce sens avaient été rejetées». Miloud Chorfi, lui, explique son non par cette même «maladive» nécessité de ne pas «remettre en cause la crédibilité des institutions algériennes». Bouguettaya, président de la commission des affaires étrangères, s'est particulièrement félicité de la mise en place de ces trois commissions d'enquête, estimant qu'il s'agit d'une nouvelle victoire en faveur du FLN, faisant suite à celle qui avait accompagné le cuisant échec de la rencontre des redresseurs, ce jeudi à El-Aurassi. A signaler l'absence très remarquée de Karim Younès, retenu dans le cadre de ses travaux avec d'autres groupes parlementaires en vue de préparer une réponse à la satisfaction, par Ouyahia, de la sixième incidence dans le cadre de son dialogue avec les délégués du mouvement des archs. Le groupe parlementaire du FLN, qui a repris son sit-in après la fin de la séance plénière, devait se réunir hier, tard dans la soirée afin d'étudier la possibilité de boycotter la cérémonie de clôture de la session d'automne de l'APN prévue dans le courant de cet après-midi. Une conférence de presse est également prévue ce même jour par le président du groupe parlementaire, Abbas Mikhalif.