Chef de l'opposition à Robert Mugabe depuis quatorze ans, M.Tsvangirai veut proposer une politique diamétralement différente. Le Premier ministre zimbabwéen Morgan Tsvangirai a lancé hier la campagne de son Mouvement pour le changement démocratique (MDC) dans la perspective d'élections générales prévues au plus tôt en juin, promettant renouveau économique et réformes démocratiques s'il est élu président. M.Tsvangirai a donné un avant-goût de la plateforme électorale du MDC, qui doit, selon lui, faire revenir les investisseurs étrangers et museler des services de sécurité acquis à son adversaire le président Robert Mugabe, qui est au pouvoir depuis l'indépendance il y a trente-trois ans. «Nous allons ouvrir le Zimbabwe pour les entreprises, ouvrir la voie à des réformes de fond dans divers secteurs, dans le seul but de stimuler la croissance économique», a déclaré le Premier ministre en ouvrant le congrès de son parti à Harare, la capitale. Chef de l'opposition à Robert Mugabe depuis quatorze ans, M.Tsvangirai veut proposer une politique diamétralement différente. «La nôtre est un programme de politique révolutionnaire et transformatrice qui va certainement jeter les bases d'un nouveau Zimbabwe et d'un nouveau départ», a-t-il lancé. Il veut toucher les millions de Zimbabwéens au chômage et pauvres, et les habitants des zones rurales «qui luttent pour survivre». Bien que la situation se soit beaucoup améliorée ces quatre dernières années, l'économie zimbabwéenne est encore convalescente après la très grave crise des années 2000, qui avait vu l'inflation atteindre des millions de pour cent. Le programme du MDC doit prendre ses distances avec la politique d'«indigénisation» prônée par la Zanu-PF du président Mugabe. Le camp Mugabe poursuit une politique de redistribution des richesses et des terres des Blancs et étrangers aux Zimbabwéens noirs. Les critiques, dont le MDC, disent que cette politique a ruiné l'économie zimbabwéenne et n'a servi qu'à enrichir le président Mugabe, aujourd'hui âgé de 89 ans, et ses amis. «C'est une antithèse de l'indigénisation de la Zanu-PF, ici nous parlons de l'élévation des gens par l'investissement et la création d'emplois», a expliqué le secrétaire du MDC Nelson Chamisa. Le MDC promet aussi de réparer les routes, d'améliorer l'approvisionnement en eau des villes et de garantir une meilleure protection sociale aux jeunes, aux personnes âgées et aux handicapés. «Il s'agit d'un programme pour une véritable transformation sous un gouvernement MDC», a résumé Nelson Chamisa. Le parti veut aussi mettre fin à la politisation des services de sécurité, l'armée et la police étant aujourd'hui étroitement contrôlées par le camp Mugabe. Formé en 1999, le MDC a obtenu la majorité au Parlement aux élections de 2008. Mais Morgan Tsvangirai avait jeté l'éponge entre les deux tours de la présidentielle, alors que la campagne électorale tournait au bain de sang. Il s'est ensuite associé bon gré, mal gré avec Robert Mugabe dont il est devenu le Premier ministre. Malgré les difficultés de cette cohabitation, l'expérience du gouvernement a montré que le MDC pouvait gouverner, a relevé hier M.Tsvangirai. «Nous avons réussi à stabiliser l'économie, à faire baisser une inflation galopante, à recapitaliser les écoles et les hôpitaux à travers l'éducation et des fonds de transition pour la santé, et aussi à ramener de la nourriture dans les rayons» des magasins, a-t-il relevé. «En dévoilant ce programme politique, nous envoyons un message clair et fort: oui, nous sommes prêts à gouverner. Vraiment, nous avons une vision pour un nouveau Zimbabwe, meilleur!» Aucune date n'a encore été fixée pour les élections de cette année.