Le rendez-vous d'avant-hier était un prétexte pour les «alliés» du président d'apparaître en public. «On oeuvre, sous la houlette du président Bouteflika, à consolider la réconciliation nationale. Une réconciliation qui tend à éradiquer la haine et la violence pour laisser place à la liberté». Ces mots ont été lâchés par Ouyahia, chef de gouvernement, avant-hier, à l'occasion de la commémoration du 10e anniversaire de l'assassinat du cheikh Bouslimani. La surprise fut grande à la salle Ibn Khaldoun où s'est déroulée la cérémonie. D'aucuns n'attendaient le revirement spectaculaire du Chef du gouvernement. Celui-là même qui s'égosillait à cor et à cri pendant sa campagne électorale des dernières législatives de «tordre le cou» à cette même réconciliation dont il vient de découvrir les «vertus». En tournant ainsi casaque, Ouyahia troque son habit «d'éradicateur» pour enfiler celui de «réconciliateur». Un geste qui lui a valu bien des «égards» en se voyant offrir par Soltani, leader du MSP, un burnous. Autres temps, autres moeurs. Le patron du RND qui voyait, il y a peu de temps, en la démarche «réconciliatrice» du chef de l'Etat «une manière de livrer le pays à l'appétit intégriste», fait son «mea culpa» au lendemain du scellement de «l'alliance présidentielle». Du coup, sur la base de ces données, il est à relever que la «confession» d'Ouyahia tient d'un calcul purement électoraliste et non d'une conviction politique comme il l'a soutenu. Pour sa part, le chef de file du MSP ne s'est pas distingué pour autant du premier intervenant. Dans un discours truffé de citations coraniques, Soltani a plaidé pour ce qu'il a énergiquement dénoncé auparavant. «L'alliance avec les courants nationaliste et démocratique est possible», a t-il dit. L'on se souvient de l'indignation de la formation du feu Nahnah des propos de «l'éradication» . L'orateur a tenté, maladroitement, de justifier une telle position par le fait que «nul courant ne peut revendiquer la paternité exclusive d'une idéologie». La complémentarité entre l'ensemble des entités, à ses yeux, est «inévitable». Un langage qui va dans le même sens que celui qui l'a précédé: persuader l'opinion sur le bien fondé d'une alliance résultant des «visions politiques analogues». Aussi, Soltani n'a pas manqué d'insister sur la nécessité de «préserver les lignes directrices du parti telles qu'elles étaient à l'ère de Nahnah». Il est à signaler également que le rendez-vous d'avant-hier était un prétexte adéquat pour les «alliés» du président d'apparaître en public. En effet, la fondation Mohamed Bouslimani, une organisation satellite du MSP, et à laquelle est affecté le cadre organisationnel, a fait dans le discernement. Les invités ont été triés sur le volet. En sus de la présence de l'éminence grise du parti (MSP) et du chef du gouvernement, on note celles de Hadjar en tant représentant des «redresseurs» du FLN et Boulmzair Djamel en sa qualité de représentant personnel du président de la République. Et c'est El-Dourri, représentant de la famille de Bouslimani, qui a couronné le tout en apportant son soutien à l'actuel chef de l'Etat. «Je remercie le président au nom de toute la famille de la victime d'avoir eu une pensée en sa mémoire en inaugurant un lycée portant son nom à la wilaya de Médéa», a-t-il déclaré. Ainsi donc, ce rendez-vous a outrepassé les bornes d'une simple halte commémorative. La personnalité de Bouslimani a été vite ombragée par la présence des acteurs politiques concernés par la prochaine échéance présidentielle. Les messages de soutien ont dépassé ceux des condoléances. Ce faisant, il est permis de dire que «l'alliance présidentielle» a fait sa première épreuve de terrain en mettant au rebut les clivages idéologiques afin de faire front commun en prévision de la bataille présidentielle.