Alors que les observateurs attendent toujours le «verdict» de la commission ad hoc mise en place par Bouteflika à propos du dossier des disparus, un groupe de personnalités, et non des moindres, vient de sonner la charge en signant une pétition à partir de Paris, dans laquelle est brandie toute une série de revendications sur la base de griefs précis retenus contre les pouvoirs publics. Outre les acteurs classiques engagés dans ce dossier, comme les associations des familles des disparus et Me Ali-Yahia Abdenour, figurent en bonne place Hocine Aït-Ahmed, Abdelhamid Brahimi, Mohamed Harbi, Ghazi Hidouci, Mouloud Hamrouche, Abdelhamid Mehri, Salah-Eddine Sidhoum, Ahmed Taleb-Ibrahimi ainsi que plusieurs ONG internationales. Hamrouche ainsi que certains de ses anciens ministres du temps où il était chef de gouvernement entrent ainsi en scène de la manière la plus inattendue qui soit après l'annonce du retrait de celui-ci de la course à la présidentielle à cause de la position ambiguë de l'institution militaire. La pétition en question a été initiée à l'occasion d'un séminaire organisé autour de cette question en date du 28 février dernier, comme nous l'annonçait Me Ali-Yahia, récemment invité à notre rubrique «A coeur ouvert» avec L'Expression. Résolument engagés dans la recherche de «la vérité et la justice», les signataires insistent «sur l'obligation faite à l'Etat algérien de respecter, de faire respecter et de faire appliquer le droit international humanitaire». Dans le détail, cette obligation, qui engage directement le premier magistrat du pays, comme nous le précisait Me Ali-Yahia Abdenour, comporte «la nécessité d'établir la vérité sur les violations flagrantes des droits de l'homme et en particulier sur les disparitions forcées, d'enquêter sur les violations et, le cas échéant, de prendre des mesures contre les auteurs des violations, d'assurer l'accès effectif des victimes à une justice indépendante, d'offrir aux victimes des voies de recours appropriées et, enfin, d'assurer réparation aux victimes». Dans le cadre de la concrétisation de ces revendications que soutiennent la plupart des ONG en vue à travers le monde, il a également été décidé la mise en place d'un «comité de travail et de réflexion». Les objectifs poursuivis consistent en le «lancement de campagnes au niveau régional, national et international sur les violations flagrantes des droits de l'homme (mais aussi) d'étudier les conditions de création d'une commission vérité et justice».