Une conférence de presse pour dénoncer la commission ad hoc est prévue ce matin. Les trois associations qui ont pris sur elles la défense des droits des familles des disparus, dont une n'est pas agréée par l'Etat, ont décidé de faire jonction et d'unir leurs forces en vue de s'opposer à la démarche de Farouk Ksentini. L'importance politique et stratégique d'une pareille coalition se devine à partir du constat de la lutte sourde et sans pitié à laquellee se sont livrée trois associations. L'Anfd, (Association nationale des familles des disparus), qui a pris naissance au siège du PT, sans jamais recevoir d'agrément, alors qu'elle a beaucoup fait pour faire progresser ce dossier, est en guerre quasi ouverte avec SOS disparus. Celle-ci, plus ou moins proche du FFS et de la Laddh (Ligue algérienne de défense des droits de l'homme) de Me Ali-Yahia Abdennour, est partisane de l'internationalisation de ce dossier sous l'impulsion de Nacéra Dutour et Fatima Yous, soeur de Nasroullah, auteur, en France, d'un livre très controversé sur le massacre de Bentalha et principal défenseur de la fameuse et éculée thèse du «qui tue qui?». Somoud, elle, se situe carrément dans l'autre camp, et n'a jamais eu de contacts avec les deux autres associations, pour la simple raison qu'elle représente les droits des familles qui ont des membres disparus, parce qu'enlevés par les groupes armés islamistes. C'est dire que cette jonction trahit un important bras de fer qui se prépare depuis qu'il a été confirmé que Farouk Ksentini, président de la commission ad hoc, mise en place par le chef de l'Etat en vue de tenter de dégager des solutions à cet épineux dossier, a littéralement finalisé ses recherches et s'apprête à remettre sa copie à Bouteflika le 31 mars prochain. Ainsi, donc, une conférence de presse commune est-elle prévue ce matin au siège de l'association Somoud. Son objet, comme le précise le document transmis hier à notre rédaction, consiste à «communiquer les constats et propositions (de ces trois associations), que ces dernières souhaitent voir incluses dans ce rapport qui sont (selon elles) les plus appropriées pour un règlement effectif et juste des disparitions forcées en Algérie». Le document rappelle, à ce propos, que ces associations, «par le passé, avaient exprimé à maintes reprises leurs positions sur cette question par différents moyens tels que des mémorandums et des déclarations». Or, se plaignent les animateurs de ces organisations, «celles-ci furent toujours ignorées par le président de la Cncppdh, puis par le président de la commission ad hoc qui se sont cantonnés jusqu'à aujourd'hui à recenser et à faire des propositions d'indemnisation aux familles». Le dossier des disparus, au regard de l'accélération que viennent de prendre les événements, promet de connaître de nouveaux rebondissements et de faire encore parler de lui dans les prochains jours et semaines. Nous y reviendrons donc.