Face à l'union sacrée des supporters, il pourrait bien revenir sur sa décision. Saïd Allik n'est plus président de l'USM Alger. Du moins, dans l'immédiat, car nul ne sait de quoi demain sera fait et le football algérien est truffé de tellement de surprises, qu'un retour de celui qui a dirigé le club des Rouge et Noir n'est pas, du tout, exclu. Il avait donné ce lundi, au stade de Bologhine, rendez-vous à l'AG du club pour lui faire part de sa décision. Encore que le qualificatif d'AG est exagéré. Disons qu'une telle réunion obéit à des critères comme, par exemple, une invitation faite à la DJS (il ne nous semble pas qu'il y ait eu, ce soir-là, des représentants de cette structure), et à l'arrêt d'un ordre du jour qui ne pouvait être qu'unique puisque l'AG était extraordinaire. Mais le plus important n'a pas été respecté, à savoir qu'en fait d'AG, on a eu droit à un rassemblement du comité de supporters du club. La porte de la salle étant ouverte, n'importe qui pouvait y accéder et donc intervenir. Toujours est-il que ce pourquoi on avait été invité a été confirmé par le principal concerné. Visiblement, Saïd Allik est moralement atteint. Le «je vous demande de respecter ma décision», lancé à l'assistance, avant de discourir, laissait entendre que son désir de quitter la scène était irrévocable. Le président de l'USMA annonça, alors, sa démission et énumérera quelques éléments qui lui donnent la certitude que l'USMA est l'objet d'un véritable complot. Pris d'une grande émotion qu'il ne sut contenir au point de tomber en larmes, Allik attaquera en premier l'APC de Bologhine. «Nous avons un bail en bonne et due forme valable jusqu'en 2009 et cette APC se permet de l'annuler au mépris de la loi et de la réglementation». La seconde cible fut l'administration des impôts. «L'USMA a été l'objet d'un redressement fiscal de 20 millions de dinars alors que c'est une association sportive à but non lucratif. C'est le seul club en Algérie à subir les foudres des impôts». (Sur ce thème, Allik se trompe, puisque le CRB a, lui aussi, été l'objet d'un redressement fiscal). Il porta ensuite ses critiques sur les gestionnaires du football algérien, mais la LNF plus que la FAF. «L'USMA est victime d'une programmation démentielle et anarchique. Dès que l'on intervient pour décaler, ne serait-ce que de 24 heures une rencontre, on nous le refuse». Sur sa lancée, il aborde le thème du renvoi du match ESS-USMA, où il porta de vives critiques sur le wali de Sétif. «La décision de report ne repose sur aucun motif d'ordre sécuritaire. On l'a prise uniquement pour protéger l'ESS et, comble de mépris, la LNF nous invite à jouer le match le 26 mars sans nous expliquer pourquoi il a été renvoyé». Partant de là, Allik a la certitude que son club est visé et est empêché de remporter un nouveau titre. «L'USMA est l'objet de jalousie pour sa réussite, son organisation, ses supporters. On ne veut pas la voir de nouveau sacrée championne d'Algérie». Le président de l'USMA indiquera en guise de conclusion: «Le non-droit et le passe-droit ont été érigés en règle. C'est pourquoi je jette l'éponge car je ne veux pas passer pour un Don Quichotte qui se bat contre des moulins à vent». Son intervention terminée, ce fut l'occasion à la salle de prendre la parole dans un brouhaha indescriptible. Tout le monde voulait parler et donner son avis, mais on comprit que tout le monde s'opposait au départ de Allik. A un certain moment, Abdelkrim Mechri, le vice-président du club, réussit à prendre la parole et à se faire entendre pour déclarer: «Allik a démissionné mais le comité directeur, dont je fais partie, lui fait savoir qu'il refuse cette démission». Nouvelles clameurs dans la salle et nouvelles interventions en faveur du partant. L'AG se termine dans une grande effervescence après une ultime prise de parole de Allik («je pars, mais usmiste j'ai été, usmiste je resterai) et sans que l'on sache réellement quelle sera la suite des évènements. Selon Mechri, le comité directeur va se réunir en urgence, mais on n'en saura pas plus. Il reste que la possibilité de voir Allik revenir sur sa décision existe. Il a, lundi soir, eu la conviction qu'il était fortement soutenu par une majorité de supporters. L'intérêt du club étant en jeu, cet épisode de son départ risque de n'avoir été qu'un incident de parcours de plus dans la vie de l'USMA.