Le secrétaire d'Etat américain John Kerry est arrivé dimanche au Caire pour rencontrer des responsables des nouvelles autorités, sa première visite en Egypte depuis la destitution le 3 juillet du président islamiste Mohamed Morsi. Cette visite intervient à la veille de l'ouverture du procès du chef d'Etat déposé par les militaires, auxquels les Etats-Unis -leur premier fournisseur en armement- avaient suspendu certaines aides à la suite du coup de force contre le premier président élu démocratiquement d'Egypte. M. Kerry doit notamment rencontrer son homologue Nabil Fahmy, le président par intérim Adly Mansour, ainsi que le nouvel homme fort du pays, le chef de l'armée, le général Abdel Fattah Al-Sissi, lors de sa première étape d'une longue tournée au Proche-Orient et dans le Golfe. Leurs discussions porteront notamment sur la transition politique promise par la feuille de route rédigée par les militaires. M. Kerry doit notamment plaider, selon un haut responsable du département d'Etat, auprès des nouvelles autorités pour que cette transition soit « démocratique » et qu'elle « inclut toutes les parties », alors que les autorités poursuivent leur implacable répression des Frères musulmans, la confrérie de M. Morsi qui avait remporté haut la main les élections législatives organisées fin 2011. Plus d'un millier de personnes --en majorité des manifestants pro-Morsi-- ont été tuées depuis son éviction, et les autorités ont arrêté quelque 2.000 islamistes, dont la quasi-totalité des dirigeants des Frères musulmans. M. Kerry, qui doit passer six heures au Caire, doit également rencontrer des acteurs de la société civile et évoquer avec eux --à huis clos-- les inquiétudes des défenseurs des droits de l'Homme. La feuille de route prévoit un référendum sur une nouvelle Constitution, actuellement en cours de rédaction, puis des élections législatives et présidentielle d'ici mi-2014. Les Etats-Unis ont soutenu durant ses trois décennies de présidence le prédécesseur de M. Morsi --Hosni Moubarak, renversé par une révolte populaire début 2011-- faisant du plus peuplé des pays arabe un allié de poids pour maintenir la stabilité dans la région instable. Washington a décidé le 10 octobre de « recalibrer » son assistance au Caire --1,5 milliard de dollars par an dont 1,3 milliard d'aide militaire et l'Egypte dit désormais vouloir se donner plus d' « options » en donnant une nouvelle orientation à sa politique étrangère. « Nous avons des relations solides avec les Etats-Unis et l'Union européenne. Nous nous ouvrons à d'autres (pays) pour élargir nos options » afin de « servir nos intérêts nationaux », a ainsi déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Badr Abdelaty à la presse.