Issad Rebrab et Ahmed Fattani, les deux actionnaires du journal. L'un dit non, l'autre oui... «Comment expliquer qu'un journal qui réalise plus de 60 milliards de bénéfices ne puisse sacrifier qu'à peine 20 millions de DA pour corriger les disparités salariales», s'insurge Ahmed Fattani, fondateur de Liberté. Aujourd'hui jeudi 5 décembre, le quotidien Liberté n'est pas dans les kiosques. Le journal n'a pas été fabriqué en raison de la grève déclenchée hier, par le personnel du journal pour se solder par un «jeudi sans Liberté». La négociation entre la section syndicale du journal et le patron du même journal a abouti à un échec. «La direction du journal s'est murée dans un silence qui en dit long sur sa volonté de satisfaire les doléances et revendications légitimes des travailleurs avant de répondre par un communiqué truffé de contrevérités (...)», a indiqué la section syndicale du quotidien Liberté dans un communiqué envoyé, hier, à notre rédaction. «(...) contrairement à ce que les dirigeants de l'entreprise ont annoncé, dans les différents organes de presse, les négociations entre le syndicat et les représentants de l'employeur sont bel et bien finies depuis le 13 novembre 2013, un ultimatum de 12 jours a été accordé pour appliquer la grille suivi d'un préavis de grève de neuf jours sans parler de la période de 17 mois depuis que la section syndicale a demandé une grille des salaires», ajoute le même communiqué soulignant qu'«à aucun moment, la section syndicale n'a été approchée pour trouver un terrain d'entente et résoudre le conflit». La section syndicale a indiqué que les travailleurs «réclament l'application d'une grille des salaires négociée durant des mois par les deux parties», rappelant, à cet effet, qu' «après le débrayage du 4 mars 2013 et deux préavis de grève respectant toutes les démarches et procédures légales en la matière, la direction avait accepté le principe de la négociation sociale». De son côté, la direction du journal a indiqué dans un communiqué que «dans un souci de transparence à l'endroit du partenaire social, toutes les informations demandées ont été mises à sa disposition et que des séances de travail ont été tenues durant tout le processus». La direction ajoute dans son communiqué que «si la revendication salariale est légitime, elle ne doit pas, par contre, destructurer l'entreprise». Le document de la direction a indiqué que des augmentations de 37,7% sur la masse salariale brute mensuelle sont accordées, avec effet rétroactif à partir de janviers 2013. Réagissant à cette grève, le directeur fondateur du journal, Ahmed Fattani qui est également actionnaire avec Isaâd Rebrab, considère que «cette grève des travailleurs est un fait inédit dans l'histoire de la presse privée algérienne du fait des promesses et les engagements non tenus faits par la direction du journal Liberté aux travailleurs». Or, ajoute Ahmed Fattani, «le mépris des travailleurs a un prix: le bras de fer auquel nous assistons entre les travailleurs et Rebrab n'est que l'illustration parfaite que la puissance d'argent demeure le grand danger contre la liberté d'expression, la démocratie et la dignité humaine. Sinon comment expliquer qu'un journal qui réalise plus de 60 milliards de bénéfices ne puisse sacrifier qu'à peine 20 millions de DA pour corriger les disparités salariales». M.Fattani a rappelé que de son temps, quand il était directeur et gérant du journal, les employés de Liberté étaient les mieux payés sur la place d'Alger. «En tant qu'associé, j'appelle l'ensemble des travailleurs et journalistes de Liberté à se solidariser avec leurs collègues grévistes qui mènent un combat digne», a conclu le fondateur du journal.