Ces capitales s'engageront, désormais dans une compétition effrénée pour reconquérir le marché algérien. C'est de nouveau le coup de foudre entre Alger et Paris, dont les relations ont évolué en dents de scie, depuis l'indépendance. Sans donner le moindre détail sur la teneur de la visite de Chirac en Algérie, le communiqué de l'Elysée, rendu public, hier, renseigne, toutefois, sur les intentions de la France à prendre de court ses concurrents, en particulier les Etats-Unis dans la région. Fidèle à la devise du général de Gaulle : «Les relations entre les Etats ne sont pas basées sur les sentiments, mais sur les intérêts», l'hôte de Bouteflika, qui effectuera, jeudi sa troisième visite en Algérie depuis 2001, saisira l'occasion pour présenter à son homologue les félicitations du peuple français. D'ailleurs, Chirac a été le premier chef d'Etat occidental à avoir félicité le président Bouteflika, l'appelant par là même à «poursuivre ensemble la construction d'un partenariat d'exception». Le président Français qui a réitéré la disponibilité de son pays, aux côtés de l'Algérie et de son peuple, à «accompagner les réformes par une coopération approfondie dans tous les domaines» a tenu à rappeler les résultats de sa visite à Alger en mars 2003. Une visite qui s'est soldée par la signature de la déclaration d'Alger, qui «fixe le cadre de la refondation des relations entre l'Algérie et la France». Accueilli en héros, notamment à Alger et Oran, en raison de sa position hostile à la guerre en Irak, Jacques Chirac avait mis en exergue les convergences de vues entre Alger et Paris, par rapport au dialogue euroméditerranéen, à la situation au Proche et au Moyen-Orient ou de l'enjeu crucial que constituent le développement et la stabilité du continent africain. Maintenant que la Maison-Blanche, à quelques mois des élections présidentielles aux Etats-Unis, n'arrive pas à s'extirper du bourbier irakien, la France mettant à profit son «rapprochement» avec l'Algérie autour du dossier irakien ne ratera pas l'occasion pour s'impliquer pleinement dans le marché algérien, notamment, en matière d'investissements directs. Par ailleurs, l'enjeu géostratégique que représente l'Algérie pour les capitales occidentales, plus particulièrement la France et les Etats-Unis, est perceptible à travers les déclarations des uns et des autres. Les Américains qui ont un oeil sur les champs pétrolifères et l'autre sur l'évolution du processus démocratique, reconnaissent, aujourd'hui, implicitement que leur projet de Grand Moyen-Orient ne s'applique, désormais plus à l'Algérie. C'est ce qui ressort de la réaction du département d'Etat et du message adressé par le président G.W.Bush à Abdelaziz Bouteflika quelques heures seulement après l'annonce des résultats préliminaires du scrutin. En effet, le chef de la Maison-Blanche évoque une «nouvelle étape vers la démocratie en Algérie», non sans se féliciter «de pouvoir poursuivre le travail avec le président Abdelaziz Bouteflika dans le règlement des conflits dans la région d'Afrique du Nord, la lutte contre le terrorisme et les réformes politiques et économiques engagées en Algérie». La même vision a été relayée par le département d'Etat, qui, commentant les résultats du dernier scrutin, considère qu'«il n'y a aucune raison de douter de la transparence de l'opération électorale». En somme, quelles que soient les motivations des deux capitales, il reste que, conscientes, cette fois, de ne pas avoir affaire à un président «mal élu» Paris et Washington s'engageront, dans une compétition effrénée pour reconquérir le marché algérien.