Artiste charismatique aux cheveux blonds jusqu'aux épaules, aux yeux brillants, Louis a tout d'un «lion» à la force tranquille... Un des pionniers de la scène fusion jazz française, on se souvient de Louis Winsberg comme l'éminent guitariste du groupe Sixun. Il est aujourd'hui l'un des as sur le plan international du jazz moderne. En compagnie du groupe Jaleo, il nous proposait vendredi dernier au Théâtre régional de Constantine lors de Musique plurielle de Colombine Films, un vrai voyage au royaume des sons, flamenco, jazz, mélodies orientales et autres indiennes... Il nous parle ici de cette belle musique épicée et de ses projets. Découverte...express L'Expression : Comment avez-vous vécu cette tournée Jazzaïr 2004 ? Louis Winsberg : Déjà elle n'est pas finie. On est encore concentré. Il reste un concert à Annaba. Sinon, très honnêtement, c'est un vrai bonheur. Cela fait longtemps qu'on n'avait pas joué devant un public qui aime autant la musique. C'est la sensation qu'on a. Cela doit faire du bien, c'est vrai, après tant d'années difficiles d'aller écouter, se divertir, mais il n'y a pas que ça, je crois qu'il y aussi un vrai goût, une vraie culture de la musique. Et ça, on le ressent très fort. Et nous, ça nous porte... On est sur un petit nuage. Ça communique tellement bien que ça va tout seul... Comment pourriez-vous décrire votre musique ? Oui, c'est vrai que c'est compliqué, parce que moi je viens du jazz, c'est-à-dire que c'est ma première culture, mais en même temps, c'est vrai étant enfant - je viens du Sud de la France, je suis né à Marseille - j'ai entendu pas mal de musiques gitanes et notamment flamenco. C'est quelque chose qui m'est revenu autour de la trentaine et que je travaille depuis des années maintenant, et ça a débouché sur le travail que je fais actuellement avec Jaleo. C'est vrai, que j'ai toujours été attiré par les musiques qui sont du bord de la Méditerranée, mais même plus large que ça. C'est vrai que j'aime la musique indienne, africaine, maghrébine, la musique des Balkans... Disons que c'est aussi un peu une réaction par rapport à l'omniprésence de la culture américaine dans la musique, dans le cinéma. J'ai envie d'explorer ailleurs... Vous parlez de musique maghrébine ; on croit savoir que vous connaissez Karim Ziad, notre batteur émérite, c'est même un ami ? Oui, c'est un ami. Dans le dernier disque des Sixun, il est venu jouer un morceau de batterie. D'ailleurs, je le connais depuis longtemps. Nous sommes un trio, on joue justement ensemble, le groupe s'appelle Douce France où en fait, je joue des chansons françaises, des reprises de chansons traditionnelles françaises. Il joue de la batterie dans ce trio là avec Liney Marthe de l'île Maurice. C'est un musicien que j'admire et que j'aime beaucoup. Votre musique c'est du jazz ou du flamenco ? En général, les jazzmen disent que c'est du flamenco, et les musiciens de flamenco disent que c'est du jazz, alors vous dites ce que vous voulez (rires). Moi, je n'en dis pas grand-chose. Cela ne m'intéresse pas vraiment. Pour moi, c'est dans la continuité d'un jazz métissé que je fais depuis toujours et qui est ancré dans le flamenco. C'est plus le flamenco qui nourrit ma musique de jazz qu'un groupe de flamenco réellement. Vous nous avez offert ce soir pas mal de nouvelles compositions qui vont figurer sur votre prochain album. C'est donc une première pour nous, en Algérie et on vous en remercie. Pourriez-vous nous en dire un peu plus sur ce prochain disque ? On a déjà enregistré en novembre les bases, les rythmiques des morceaux et on est en train de réaliser le reste c'est-à-dire finir le mixage, les recording, tout ça... Il est prévu de sortir en octobre. Quelle sera la couleur musicale ? Dans la continuité de celui-là ? Il y aura pas mal de choses que vous avez entendu ce soir et un côté par rapport au premier, plus pop. Il y aura plus de chansons, plus de voix. Il y aura aussi des morceaux réalisés à l'aide de machines, un peu plus influencé par la pop, la world que le premier. Aussi, j'ai un album à faire avec Karim Ziad, avec Douce France, sinon je joue également sur l'album de Dee Dee Bridgewater.