«L'Algérie est à la croisée des chemins» «Le traitement réservé par le gouvernement à ce problème n'est qu'un énième replâtrage sans aucun effet sur le cours des événements.» L'hôte de la wilaya de Ghardaïa, le candidat Ali Benflis, a soutenu, hier, que l'Etat a échoué à trouver une solution à la crise de Ghardaïa. «L' Etat qui n'a pas su anticiper sur les événements tragiques ayant secoué récemment cette wilaya est le seul responsable de cette situation de crise frappant de plein fouet cette région.» Parce qu'il est illégitime et d'une vision courte, «le traitement réservé par le gouvernement à ce problème n'est qu'un énième replâtrage sans aucun effet sur le cours des événements». Pour l'ex-chef de gouvernement, «la crise intercommunautaire de Ghardaïa n'est ni spécifique ni encore moins raciale et ne diffère en rien des autres problèmes vécus dans d'autres régions du pays». Le problème fondamental de l'Algérie est l'illégitimité du pouvoir en place. La crise de Ghardaïa n'est qu'une suite logique de la crise profonde et multidimensionnelle secouant l'Algérie depuis plus de 25 ans. «Il est primordial de changer le système», a expliqué à ses nombreux partisans mozabites qui l'ont accueilli au Centre culturel du Ksar Bounoura. «La solution à apporter au problème de Ghardaïa passe par la fin de l'illégitimité au pouvoir qui doit partir pour céder la place aux jeunes générations.» A Metlili, une localité habitée par les Arabes, Benflis s'est engagé, s'il est élu, de revenir à Ghardaïa pour ne la quitter qu'une fois le problème que connaît la région définitivement résolu». Après le plagiat de l'intitulé de son projet de programme électoral, Ali Benflis a dénoncé, hier à Tlemcen, «les allégations infondées, colportées par un haut responsable de l'Etat, sans toutefois le citer, à son sujet». Il a expliqué que «ce responsable est allé prêcher à Sétif et El Eulma, qu'une fois élu, Ali Benflis remettra en cause l'existence des mécanismes d'aide et soutien à l'emploi des jeunes Ansej, Cnac...etc. Non seulement je maintiendrais tous ces mécanismes, mais je les renforcerais davantage». Et de souligner: «En tout cas, je ne procéderai pas comme eux à la saisie du matériel des jeunes qui ont des difficultés à rembourser leurs dettes, mais par huissier de justice. Ne s'agit-il pas là d'une campagne de déstabilisation et un appel à la fitna?» s'est-il demandé. Cela fera dire à l'ex-chef de gouvernement qu'«en fin de compte, cet Etat et ce gouvernement tiennent canaille de la racaille». «L'Algérie est à la croisée des chemins. Soit c'est le coup de force pour et le statu quo sera maintenu au grand péril de l'Algérie, soit on tourne la page définitivement à travers un changement démocratique et pacifique», a appuyé avant-hier, à Sidi Bel Abbès, comme à Tlemcen, l'ex-chef de gouvernement, Ali Benflis. Affichant une pugnacité de plus en plus grande, l'ex-ministre de la Justice n'hésite pas de vilipender à travers chacune de ses tribunes électorales les tenants du pouvoir en place. «Le groupe ou le clan en place a pris l'habitude jusqu'ici à accaparer le pouvoir facilement en détournant la souveraineté populaire. Réveillez-vous, car le temps est venu pour que le peuple recouvre sa pleine souveraineté», s'est adressé Ali Benflis à ses partisans à Tlemcen. «J'ai accepté de relever le défi électoral pour vous», dixit Ali Benflis. L'Algérie vit une crise profonde et multidimensionnelle, vieille d'un quart de siècle, touchant aussi bien la politique, l'économie, la sécurité, le logement et l'école, que tous les autres secteurs de la vie quotidienne du citoyen. La solution, selon M.Benflis est de passer immanquablement par la légitimité des gouvernants. Au lieu d'anticiper et ouvrir le dialogue avec le partenaire social représentatif et éviter de renvoyer dos à dos les services de sécurité contre les médecins et les enseignants, le gouvernent recourt systématiquement à la répression aveugle. Tabasser un enseignant ou un médecin est inacceptable et est un dérapage étranger aux références et valeurs du peuple algérien. «On ne peut apporter une solution aux problèmes posés par la répression», souligne-t-il encore. Sur un autre registre, il promet de ne pas s'accrocher indéfiniment et invariablement au pouvoir devant ses partisans de Tlemcen, très nombreux à affluer à la Maison de la culture Moufdi-Zakaria en face de la Qalaât El Mechouar, vestige de l'ère ottomane. «Je ne veux pas m'éterniser au pouvoir, je veux rendre espoir au peuple algérien», s'est-il engagé. Le président-candidat, Ali Benflis, s'est offert un véritable bain de foule comme il a été d'ailleurs reçu en grande pompe à Sidi Bel Abbès où il a tenu son 9e meeting dans son périple électoral. Devant ses partisans, Ali Benflis a mis l'accent sur sa volonté d'instaurer un vrai multipartisme, la pluralité syndicale, un Etat de droit et une Constitution pérenne et consensuelle.