Les milices font la loi en Libye A Alger, c'est le branle-bas de combat. Liaisons aériennes suspendues, ambassade fermée, de même qu'il n'est pas exclu une fermeture des frontières avec la Libye. Livrée à la loi des armes miliciennes, la Libye vient de connaître une escalade sans précédent de violence. Le pays est au bord du chaos dont les conséquences risquent d'atteindre gravement l'Algérie. A Alger, c'est le branle-bas de combat. On croit savoir, de sources militaires, que le président de la République s'est réuni avec le général de corps d'armée et vice-ministre de la Défense nationale, Ahmed Gaïd Salah. Au menu, il y avait la situation en Libye et son impact sécuritaire sur l'Algérie. Le 16 janvier 2013, une véritable multinationale terroriste en provenance de la Libye s'est attaquée au site gazier de Tiguentourine provoquant une spectaculaire prise d'otages. Quelques mois plus tard, une centaine de missiles anti-aériens, plusieurs centaines de roquettes anti-hélicoptères, des mines terrestres et des grenades RPG ont été saisies par les éléments de l'ANP à la frontière algérienne avec la Libye. Selon l'agence Reuters, citant une source sécuritaire, celle-ci révèle que cet arsenal de guerre a été découvert dans une cache située à environ 200 km du complexe gazier de Tiguentourine. Aussi, lors de la rencontre entre le président Bouteflika et Gaïd Salah il aurait été question d'affiner la stratégie d'action face au reflux de terroristes sur le territoire algérien. Les mêmes sources indiquent qu'il n'est pas exclu que les frontières entre les deux pays ne soient transformées en zone militaire pour éviter tout passage de terroristes et des armes très nombreuses entre les mains des miliciens. Les mêmes sources rapportent que l'Armée algérienne a été placée en alerte maximale sur toute la bande frontalière avec la Libye. Les liaisons aériennes momentanément suspendues et tout le corps diplomatique résidant a été évacué sur Alger. Des sources diplomatiques n'excluent pas la fermeture des frontières toujours dans le cadre de ces mesures préventives. Même aux pires moments des bombardements de l'Otan contre la Libye, la situation n'a pas atteint un pareil degré de pourrissement. Les voyants ont brusquement viré au rouge, signal d'un précipice abyssal pour ce pays exsangue et dévasté par la guerre depuis la chute d'El Gueddafi. Au tableau, rien que pour avant-hier, plus de 24 personnes ont été tuées et près de 150 blessées dans des affrontements à Benghazi, dans l'est libyen. A la suite de ce drame, l'armée régulière a déclaré, hier, une zone d'exclusion aérienne sur Benghazi (Est), menaçant d'abattre tout avion militaire survolant la zone. A cet avertissement, le chef d'une force paramilitaire, le général à la retraite, Khalifa Haftar, qualifié de hors-la-loi par les autorités, s'est dit hier, déterminé à poursuivre son opération contre des milices islamistes à Benghazi (Est), au lendemain de combats meurtriers. Des propos de guerre, des menaces, contre-menaces, pour ainsi dire des ingrédients du chaos. Cette situation intervient au lendemain de la désignation d'un chef de gouvernement intérimaire à la suite d'un énième coup de force au Parlement presque exclusivement islamiste. S'exprimant en avril dernier, au Pentagone, sur la situation sécuritaire qui prévaut dans le continent africain, le chef du commandement des Etats-Unies pour l'Afrique, Africom, a soutenu que la situation en Algérie est «mieux qu'en Libye, mais les menaces de sécurité restent indéniables», affirmant que Al Qaîda et le groupe Ansar al-Charia qui agissent fortement en Libye sont devenus presque hors de contrôle, menaçant la Libye et les pays voisins. Le général de l'Africom a même prédit des risques de perturbations à l'avenir. «La situation sécuritaire en Algérie et en Tunisie est beaucoup mieux qu'en Libye et le Mali voisin», a-t-il souligné, tout en rappelant en même temps que «la route pour les Libyens est encore très longue et difficile pour contrôler les milices et à poursuivre l'opération du renforcement des institutions chargées de la gestion du pays». Aujourd'hui, le régime de Tripoli redoute sérieusement une offensive des forces conduites par le général Haftar qui jouit d'une large adhésion de la population de Benghazi, de ses tribus et des anciens militaires.