«L'alliance présidentielle n'est le monopole d'aucune formation politique.» Triomphaliste, le secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia, semble être un homme qui, «encore une fois?», a accompli une mission politique, non des moindres, dont il détient, «habilement et presque seul, le secret». «La coupe est gagnée» dit-il en faisant référence à la réélection de Bouteflika le 8 avril dernier. Un exploit dû, selon lui, notamment à l'implication de «la société RND» qui a été, dans cette lourde tâche, pour le président de la République, alors candidat à sa propre succession, d'un appui politique décisif. Le discours «césarien» donné, hier à Alger, par M.Ouyahia, lors d'une conférence de presse sanctionnant la réunion de deux jours, des représentants du parti dans les wilayas, s'il renseigne sur le replacement du RND et la position «confortable» qu'il s'est accaparée sur l'échiquier politique, en dit long sur le «comment sera» la scène politique dans les prochains mois. Réagissant à la démission, jeudi, de Karim Younès de son poste de président de l'APN, le patron du RND qui a mis de coté, le temps de la rencontre sa casquette de chef du gouvernement, affirme prendre acte de cette décision et exprime ses «voeux» au, désormais ex-président de la chambre basse, à qui il souhaite également «de la réussite dans son parcours politique». Le «bon sens politique» dont n'a cessé de se targuer le conférencier, stipule que la succession au parlement revient, de prime abord, au FLN, détenteur, dans sa forte majorité, de 199 sièges sur 380 que compte l'assemblée. Rebondissant à la faveur de la question précitée, sur les autres événements qui marquent actuellement la vie publique, l'orateur, invité à régir sur les événements qui secouent la ville de T'kout, tout en épinglant «le quotidien dont le directeur en maille avec la justice», allusion faite au journal le Matin, pour l'amplification de l'affaire, fustige, à leur tour, les archs, minés, selon lui, par les magouilles des forces politiques, qu'il refuse au passage de citer. Il leur dénie même le droit de demander la constitution d'une commission d'enquête puisqu'ils «sont dépourvus de statut juridique leur permettant une telle liberté de manoeuvre». L'affaire, selon lui, ne peut être résolue en dehors du cadre de la justice. Idem pour les avocats -qui auraient confirmé le cas de torture- «qui trahissent leur vocation pour devenir des politicards». Il résume : «C'est une affaire qui a pris de l'ampleur en raison de l'actualité internationale» faisant ici allusion aux tortures infligées aux Irakiens détenus à la prison d'Abou Ghraïb, par les soldats américains et britanniques. Sur le plan politique, le numéro un du RND prêche le respect des règles de l'exercice politique et exhorte les partis à faire montre de «professionnalisme». Est-ce le cas avec l'alliance présidentielle? Tout porte à le croire, sinon comment contredire celui-ci lorsqu'il qualifie la structure, contractée avec le FLN de Belkhadem et le MSP, de pacte politique propre à revigorer le pluralisme en proie, à l'en croire, à un émiettement politique aux conséquences fâcheuses pour la démocratie. Cependant : «L'alliance dont le rôle est notamment d'expliquer et d'accompagner le programme du président de la République, n'est le monopole d'aucune formation (...) les trois partis, autonomes, ont fait bloc autours d'idées qu'ils comptent mettre en oeuvre» a-t-il tenu à expliquer. Sur la question de la réconciliation nationale, Ahmed Ouyahia a été plus prolixe. Pied à pied, il a défendu le projet «fétiche» de Bouteflika pour lequel l'orateur ne voit pas l'utilité d'un dispositif juridique ou une quelconque couverture statuaire : «Outre sa dimension sécuritaire, le projet (la réconciliation nationale) a pour toile de fond la réconciliation des Algériens avec eux-mêmes», a-t-il soutenu en réaffirmant la nécessité de la lutte antiterroriste qui s'inscrit, aussi, dans l'optique de cette vision. Enfin, le patron du RND est resté flou sur le sujet du licenciement des 200 employés du groupement Berkine (Anadarko-Sonatrach). A ses yeux, il devient impératif de recruter le personnel dans le marché local de l'emploi.