Il y avait de la tension dans l'air Le secrétaire général du FLN estime que derrière la volonté de Belkhadem de revenir à la tête du parti se cache une ambition présidentielle. Finalement, la session ordinaire du comité central du FLN s'est déroulée, hier à l'hôtel El Aurassi d'Alger, sans grands dégâts pour les partisans du secrétaire général, Amar Saâdani. Le plan des opposants, conduits par Abderrahmane Belayat, qui ont promis d'imposer le vote à l'ordre du jour pour élire Abdelaziz Belkhadem, a échoué. Arrivés le matin, les partisans de Belkhadem, qui s'est donné en spectacle, dont huit membres du comité central n'ont pas été convoqués à la réunion, ont été empêchés par les organisateurs de rejoindre la salle. Non concerné par la mesure de suspension, Belkhadem a été prié d'assister aux travaux. Mais il a demandé à ce que tous ses partisans rejoignent la salle. Devant le refus catégorique des organisateurs, Belkhadem et ses partisans se sont retranchés au salon de l'hôtel, juste après la rentrée. Il y avait, entres autres, Amar Tou, Kassa Aïssi, Mohamed Bourzane, Abderrahmane Belayat et Abdelaziz Ziari. «L'urne, l'urne, l'urne», scandaient-ils. L'ex-secrétaire général du parti a dénoncé l'empêchement de ses partisans de rejoindre la salle. «Un tel comportement relève d'une tentative d'accaparer le parti», déclare-t-il à la presse, ajoutant qu'«il faut se soumettre aux urnes et les membres du comité central sont les seuls habilités à arrêter l'ordre du jour de la session». Dans la salle où devait se tenir la réunion, tout est fin prêt pour commencer les travaux. Même les membres du Mouvement de redressement étaient là, «pour barrer la route au retour de Belkhadem», comme expliqué par Abdelkrim Abada, coordinateur du mouvement. Le service d'ordre mis en place n'a rien laissé au hasard. Amar Saâdani ouvre la séance à 10h20. Il se dit «désolé» pour ce qui se passe au sein de son parti. «Ce que nous voyons porte atteinte à l'image du parti», a-t-il regretté. En ce moment, les cris de ses opposants, menés par Belkhadem qui est revenu à la charge, fusent de derrière la porte de la salle. Mais ils ne pouvaient y accéder en raison de la «force» utilisée par les agents affectés à l'organisation. Imperturbable, Amar Saâdani poursuit son discours. Mais il ne pouvait ignorer ces membres du comité central qui veulent le déloger. Il cadre alors son tir, charge sans ménagement Belkhadem avant de l'achever. «La question de la légitimité a été tranchée par le comité central. Ceux qui veulent falsifier la vérité font dans l'hallucination. Ils doivent regarder la vérité telle qu'elle est concrétisée par la majorité présente ici aujourd'hui», a-t-il lancé, dénonçant le travail «illégitime» et «non politique» de ses opposants. «Chaque six mois, on élit un nouveau secrétaire général, c'est quoi cette mascarade», s'est-il emporté avant de s'en prendre à Belkhadem en personne. «J'aurai souhaité que Belkhadem soit ici dans la salle», tonne-t-il. «Il est à l'extérieur», interpelle une voix. «Qu'il rentre et parle», réplique Amar Saâdani. Pour discréditer son opposant, M.Saâdani raconte: «Lorsque j'ai décidé de présenter ma candidature au poste de secrétaire général du FLN, je suis parti à la maison de Belkhadem pour le consulter. Il m'a dit: je te soutiens mais j'ai une seule demande à faire». Selon l'orateur, la demande de Belkhadem était d'écarter les ministres qui s'étaient opposés à lui, quand il était secrétaire général. Plus grave encore, Amar Saâdani a ajouté que Abdelaziz Belkhadem a voté en sa faveur lors de la session du 29 août par procuration. «Et aujourd'hui, il parle de légitimité!», s'est-il encore offusqué. Mais la charge n'est pas encore vidée. Il touche du doigt la véritable intention de Belkhadem, en se demandant que veulent les partisans de ce dernier? Il estime que derrière la volonté de Belkhadem de revenir à la tête du parti se cache une ambition présidentielle. «Pour que Belkhadem se porte candidat à l'élection présidentielle, il prend le parti chez lui?», s'est-il interrogé avant de s'en prendre aux ministres qui se sont tournés contre le parti, une fois écartés du gouvernement. Il souligne qu'aucun secrétaire général du FLN n'est revenu à son poste après son départ. «Pourquoi le retour? Si pour construire le parti, vous avez passé 10 ans à sa tête», lance-t-il. Pour M.Saâdani, la monopolisation du parti est terminée. Abordant la question du prochain congrès du parti, il a indiqué que ce congrès sera «un congrès rassembleur» où personne ne sera exclu.