Des centaines de fans étaient au rendez-vous Comme chaque 25 juin de chaque année, la Kabylie se recueille tout entière, à la mémoire de Matoub Lounès, à l'occasion de l'anniversaire de son assassinat. Matoub chantait: Win iwumi itstekes chfaya, ulaygahar letskal fellas (Il n ́y a rien à attendre de celui qui a été happé par l ́amnésie), en ce douloureux anniversaire, le recueillement à Taourirt Moussa est là pour rappeler qu ́une peine partagée devient plus supportable. Le 25 juin, date de l'anniversaire de l'assassinat de l'idole des jeunes est synonyme désormais de plaie. Taourirt Moussa a repris son statut de lieu de pèlerinage pour la 16ème année consécutive, le temps qui nous sépare de la mort du Rebelle. Quelles que soient leurs tendances politiques, Matoub, même mort, a pu les rassembler, l ́espace d'une journée, voire même de toute une semaine, mais sans toutefois rester bouche cousue en signifiant son refus en quelques heures. Le temps d ́un recueillement et de quelques prises de photos. Il y avait aussi des fleurs, beaucoup de roses, pour orner la tombe la plus visitée en Algérie. Ce qui s ́est passé mercredi 25 juin dernier à Taourirt Moussa est phénoménal. «On ne peut pas imaginer des dizaines de milliers de personnes affluer ainsi à un endroit sans qu ́il n'y ait eu aucun appel au préalable en dehors de celui du coeur et de la mémoire» nous déclare Rachid Hitouche, un ancien militant du MCB qui fait partie de la nouvelle équipe du MCB-Bgayet. Les festivités étaient programmées depuis longtemps par la fondation qui porte son nom, qui a tenu à marquer l'événement et raviver comme il se doit la mémoire du chantre. Matoub était au centre d'activités culturelles que sa fondation, en perte de vitesse, a concocté en collaboration avec la Maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou, mais de façon très discrète étant donné que cette dernière ne fait pas l'unanimité au sein de la société, en raison de l'implication politicienne de son directeur. Matoub Lounès, lui qui était l'un des piliers de la culture berbère et l'un des acteurs de la lutte identitaire, a été au centre d'activités culturelles tout au long d'une semaine, allant du 24 au 30 juin dernier, mais de façon plus appuyée la journée du samedi 25 juin, date d'anniversaire de sa tragique disparition. A Taourirt Moussa, village du Rebelle, la région vit au rythme de ses chansons et «hymnes». Les manifestations culturelles concoctées par les organisateurs dans la localité de Taourirt Moussa ont été riches et variées et ont attiré depuis vendredi dernier une foule nombreuse venue des quatre coins du pays, notamment de Kabylie. Multiples expositions de photos et articles illustrant la vie, le parcours et l'oeuvre du chanteur poète sont proposées aux visiteurs ainsi un concours de poésie. Dans le garage où est exposée la Mercedès criblée de balles, la même pression règne chaque année en cette période marquant l'anniversaire de son lâche assassinat. Mais l ́endroit où il y a le plus de monde, c ́est devant l ́entrée principale de la salle des expositions. Des dizaines de jeunes du village de Taourirt Moussa tentent, tant bien que mal, de canaliser toute cette foule. La tâche n ́était pas aisée certes, mais avec la compréhension et la collaboration des visiteurs tout marchait à merveille. Des bus, des fourgons et des voitures arrivent des wilayas de Béjaïa, d'Alger, Bouira, Boumerdès et de différentes régions de la wilaya de Tizi Ouzou. Des étudiantes, des adolescents, des enfants, des handicapés, des personnes âgées, ont été au rendez-vous pour se recueillir sur la tombe la plus populaire, la plus visitée d'Algérie. A l'échelle nationale et aussi internationale, l'occasion n'est pas passé inaperçue, d'autant plus que certaines régions ont anticipé la manifestation. C'est le cas du MCB de Béjaïa qui a célébré cette date en pompe en organisant une caravane des militants pour se recueillir sur la tombe de Matoub. Une caravane en hommage au Rebelle Le mouvement culturel berbère de Béjaïa, ravivé depuis la fameuse réunion de Tighremt, a tenu plusieurs activités depuis la fameuse marche du 20 avril 2014. Taourirt Moussa a été pendant une semaine, le lieu de pèlerinage des centaines de personnes venues se recueillir sur la tombe du défunt Matoub Lounès. MCB-Bgayet était de la partie en se rendant le mercredi 25 juin dernier à Taourirt Moussa pour se recueillir sur la tombe du chantre amazigh, militant de la première heure de la cause identitaire, de la démocratie et des causes justes, feu Lounès Matoub, lâchement assassiné en 1998. Pour marquer le 16ème anniversaire, la nouvelle équipe du MCB de Béjaïa a organisé une caravane en hommage à l'idole des jeunes, le Rebelle, le militant infatigable que fut Matoub Lounès. En cette période, marquée par une conjoncture particulière en raison des pourparlers engagés par la présidence de la République visant la révision de la Constitution, le MCB-Bgayet a choisi une action symbolique, mais combien significative en allant se recueillir sur la tombe de celui qui tenait plus que tous à l'officialisation de tamazight. C'est à 6h 15 mn du samedi 25 juin dernier que la caravane s'est ébranlée à partir de la Maison de la culture de Béjaïa. Un bus de 35 places et plusieurs voitures de particuliers étaient au rendez-vous. La première halte a été marquée au niveau d'El-Kseur, pour prendre quelques participants et charger la denrée alimentaire commandée la veille auprès d'un commerçant de la localité. La caravane reprendra son chemin en direction de Taourirt Moussa. C'est vers 10h que la caravane a gagné la bretelle qui mène vers Aït Douala. Après l'avoir empruntée, la deuxième halte était inévitable. Elle a été marquée au niveau du lieu de l'assassinat du Rebelle où les caravaniers se sont recueillis sur la place qui a vu l'âme de feu Matoub quitter ce monde. Une halte, en somme, qui nous donnait un tout petit aperçu sur l'engouement qui a gagné tous les fans, les artistes, les militants de tous bords. Le chemin devint exigu en raison du nombre incalculable de bus et autres fourgons et voitures. En raison de la circulation dense, il a fallu une heure de temps pour arriver enfin au lieu de pèlerinage, la tombe du Rebelle et sa maison ouverte pour la circonstance aux visiteurs venus en masse pour rendre un hommage à celui qui fut l'idole des jeunes. Taourirt Moussa grouillait de monde, des centaines, voire des milliers de fans étaient au rendez-vous. Venus des quatre coins du pays, mais aussi de l'étranger. Des jeunes, des moins jeunes, des vieux, des vieilles, des artistes connus mais aussi des anonymes ont exprimé leur hommage et leur reconnaissance à celui qui fut le militant infatigable de toutes les causes justes, notamment le combat pour l'amazighité. Des délégués du MCB-Bgayet ont improvisé une prise de parole où ils ont exprimé reconnaissance... «Aujourd'hui plus que jamais cette journée est une action de plus pour revendiquer l'officialisation de tamazight» ont déclaré les orateurs en substance. «Ceux qui s'impatientent de me voir mort, ceux qui calomnient mon nom, à chaque col devront m'affronter.» Matoub Lounès Le directeur de la culture de Tizi Ouzou, Ould Ali El Hadi, qui conduisait une délégation pour se recueillir sur la tombe de Matoub Lounès, a été hué par les nombreux présents. Son arrivée a provoqué une vive tension parmi les fans de Lounès, venus se recueillir sur sa tombe, comme chaque année à la même date. C'était au moment du dépôt de la gerbe de fleurs par Ould Ali El Hadi et ses accompagnateurs que la foule a commencé à scander des slogans hostiles: «Pouvoir assassin», «non à la récupération politique de la mémoire de Matoub», «El Hadi dégage»...craignant le débordement Ould Ali El Hadi et sa délégation se sont alors réfugiés dans la maison de Matoub Lounès où ils restèrent jusqu'à la fin de la journée. N'na Aldjia la grande absente! Elle était la grande absente, la semaine dernière, à Taourirt Moussa, à la commémoration de l'anniversaire de l'assassinat de son défunt fils Matoub Lounès. Aldjia Matoub, N'na Aldjia comme tous l'appellent affectueusement, n'était pas au rendez-vous. Renseignement pris, N'na Aldjia n'était pas chez elle, même pas à Tizi Ouzou. «Elle est malade, elle se soigne. Vu son état de santé elle ne peut pas être présente cette semaine à Taourirt Moussa. elle a volontairement décidé de faire l'impasse sur l'événement, car sérieusement contrainte après avoir eu un fâcheux malaise, dernièrement» nous confie un membre organisateur de la fondation Matoub Lounès. Prompt rétablissement, N'na Aldjia...