La question du foncier a constitué, depuis l'indépendance, un obstacle majeur pour la mise en oeuvre des politiques de logement. L'engagement pris publiquement par les autorités du pays de construire un million de logements dans les cinq années à venir est compromis. Le problème du foncier risque de retarder sérieusement l'opération annoncée en grande pompe dans le programme du gouvernement Ouyahia. Le ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme, Mohamed Nadir Hamimid, a annoncé hier, une opération de prospection et de recensement du foncier urbain à l'échelle nationale. «Nous allons vérifier la disposition des assiettes foncières au niveau de chaque wilaya pour nous lancer dans la construction du million de logements», a déclaré le ministre lors de la première journée parlementaire sur le logement en Algérie, intitulée «Réalités et perspectives». Le ministre a exclu «tout recours aux terres agricoles dans la construction de logements» Or, cette opération - le recensement du foncier urbain à l'échelle nationale - n'est pas une sinécure. En premier lieu, il faut tenir compte de l'étendue du pays : le recensement de plus de 2.381.741 km2 prendra un temps assez long. Ce qui retardera considérablement l'échéance de cinq ans avancée par le gouvernement. A cette contrainte s'ajoute le problème du foncier en lui-même. La question du foncier a constitué, depuis l'indépendance, un obstacle majeur pour la mise en oeuvre des politiques de logement. La mise en place du cadastre est devenue pratiquement une tâche impossible vu les multiples transactions informelles réalisées depuis les années 1970. Les travaux du cadastre se poursuivent depuis 1975 sans aboutir à ce jour. Les dizaines de milliers de litiges fonciers qui restent posés constituent une autre contrainte. Le gouvernement aura à régler radicalement ces litiges pour concrétiser son engagement. Une tâche aussi compliquée que le recensement quand on sait que des affaires foncières traînent pendant des années dans les tiroirs de la justice. A cela il faut ajouter les études des sols et les aléas sismiques auquel il faut également consacrer un temps suffisant. Le gouvernement projette d'ailleurs de lancer un programme massif d'identification des terrains et de réalisation d'études de sol. L'expérience dramatique du séisme du 21 mai 2003 impose en effet, cette anticipation en tenant compte des modèles de construction envisagés et des normes sismiques à respecter. Il ressort que le foncier urbain, constituera un véritable casse-tête pour le gouvernement dans la réalisation de ce million de logements en temps voulu. Il concerne, au fait, plusieurs ministères outre celui de l'Habitat. Les ministères de la Justice, de l'Agriculture, des Finances (fiscalité foncière) de l'Hydraulique, des Travaux publics, de l'Environ-nement... Le Conseil national économique et social (Cnes), dans son projet de rapport sur la configuration du foncier en Algérie, a tiré la sonnette d'alarme. Le Cnes a souligné que le foncier est devenu une «sorte d'otage de pratiques douteuses», «hypothéquant sérieusement et durablement toute politique d'aménagement, d'habitat ou d'investissement».