Le portillon de la maison d'arrêt d'El Harrach marque-t-il la limite entre deux dimensions différentes, à savoir la vie ordinaire et celle du monde carcéral? Une interrogation qui nous a taraudé l'esprit en franchissant, hier, la grande porte du centre de rééducation d'El-Harrach, lors de la visite d'inspection qu'a effectuée le ministre de l'Emploi et de la Solidarité nationale, Djamel Ould Abbas. La première escale se fait au pavillon des femmes, elles sont en tout, selon les estimations qui nous ont été remises, 100 prisonnières. Certaines d'entre elles, mobilisées pour l'accueil du ministre, n'ont pas pu retenir leur colère et mécontentement. «Nous voulons réintégrer la société et être nous-mêmes», lance une vieille femme d'un air fâché. D'autres voix s'élèvent encore : «Ça fait deux ans et demi que je suis là et j'ignore toujours les motifs de mon incarcération, j'ai fait récemment un appel mais il est resté nul et non avenu», crie une autre femme les larmes plein les yeux. Certaines détenues ont brandi d'autres réclamations portant prise en charge médicale. Quant à M.Ould Abbas, qui tentait au début de calmer les esprits, il s'est faufilé au milieu de la délégation qui l'a accompagné en faisant la sourde oreille. Cependant, un fait qui ne peut pas passer inaperçu : parmi les prisonnières contestataires figurent des Africaines arrêtées «dans le cadre de la lutte contre l'immigration clandestine». Celles-ci qui réclamaient la parole, sont accusées «de faux et usage de faux», selon les dires de M.Boumaiza Houcine, directeur du centre de rééducation. Le ministre de l'Emploi et de la Solidarité nationale, en faisant le va-et-vient entre les salles d'apprentissage, n'a cessé de promettre la prise en charge du volet portant «réinsertion des détenus». Une fois libérés, ces derniers, estime M.Ould Abbas, seront pris en charge par son département et ce, au terme d'une convention signée par le ministère de la Justice et celui de la Formation professionnelle. Quant à la prise en charge des incarcérés à l'intérieur du centre de rééducation, les responsables relèvent un manque important en matière d'encadrement. D'ailleurs, indique le ministre, 11 universitaires diplômés dont 3 médecins, 3 psychologues, 3 techniciens supérieurs et 2 assistantes sociales intégreront, au terme du dispositif Contrats préemploi, le personnel de la maison d'arrêt d'El Harrach. Il convient de souligner enfin qu'une autre visite conduira, mercredi prochain, M.Ould Abbas à l'établissement pénitentiaire de Serkadji.