La filiale audiovisuelle du groupe Lagardère est en discussions exclusives pour le rachat de deux entités en Afrique, l'une de production et l'autre de distribution. Depuis le Discop Africa, le principal marché africain des programmes de télévision qui se déroule du 5 au 7 novembre à Johannesburg, Takis Candilis, président de Lagardère Entertainment, société de Lagardère Active qui réunit l'ensemble des activités de production audiovisuelle du groupe, nous a confié «être entré en discussions exclusives avec deux structures». Avec Alain Modot, instigateur de la plate-forme Diffa (Distribution internationale de films et fictions d'Afrique), les négociations portent sur «la majorité du capital» dans le but de créer «une structure commune dédiée à la distribution de droits et de contenus audiovisuels africains sur l'ensemble du continent et, par conséquent, autant à l'Afrique francophone, qu'anglophone, arabophone et lusophone, mais également dans le reste du monde». Il s'agit dans le même temps de donner une «nouvelle impulsion à Diffa», qui après Paris, sa base, et un bureau en Côte d'Ivoire, devrait s'implanter en Afrique du Sud, à Johannesburg, et au Maghreb. L'objectif poursuivi est également de doubler son catalogue d'ici l'an prochain. Aujourd'hui, il comprend 500 heures de fiction francophone (télé et cinéma), représentant 19 producteurs et 10 pays différents. Avec Keewu Production, cette fois, Lagardère Entertainment est en négociation exclusive afin de prendre les deux tiers du capital de la structure dédiée à la fiction, sise à Dakar, au Sénégal, et dirigée par Alexandre Rideau. Deux ans après sa création, cette dernière est à pied d'oeuvre sur une comédie de 26 x 26 minutes qui, «pour la première fois en Afrique se produit de manière industrielle», à savoir un tournage continu, avec des réalisateurs différents... Le budget par épisode se situe autour de 20.000 , soit «quasiment le double du coût moyen» pour ce format en Afrique. L'ambition du producteur français est d'augmenter encore les financements. «Si on veut que les programmes s'exportent, il faut de la qualité», soutient Takis Candilis. Car si l'enjeu majeur est de produire des contenus africains, fabriqués par les Africains pour les Africains, cela n'exclut pas la coproduction internationale. L'autre dimension, exposée au Mipcom, il y a quelques semaines à Cannes, concerne la volonté de Lagardère Entertainment de s'impliquer dans la formation continue des professionnels africains. Ainsi, pour son nouveau projet de série initiée au sein de Keewu, une adaptation littéraire en 12 épisodes de 1 heure non détaillée, à ce stade, «nous allons chercher des jeunes auteurs réunis en pool et encadrés par un showrunner franco-sénégalais». Lagardère Entertainment a d'ores et déjà entamé des discussions pour un partenariat avec un producteur en Côte d'Ivoire, afin de développer une activité de programmes de flux, ainsi qu'au Maghreb, pour une prise de participation dans une ou plusieurs sociétés de production, probablement au Maroc, notamment. Rappelons que le déploiement de Lagardère Entertainment en Afrique s'inscrit dans un mouvement plus général d'implantation de médias de l'Hexagone, comme le récent lancement de la chaîne A+ par Canal+, ou, à venir, celui de Gulli Africa, la chaîne jeunesse éditée par Lagardère Active. Au dernier colloque NPA, TV5 Monde a également fait part de son projet d'une thématique pour les enfants sur le continent où l'émergence d'une classe moyenne, les projections d'évolution de la population francophone (on parle de 400 millions en 2025 et de 700 millions en 2050), et le basculement vers la TNT - au 17 juin 2015 au plus tard - démultiplie les possibilités et les besoins de contenus. [email protected]