Resserrer les boulons. Après avoir précisé que le programme d'investissements publics sera maintenu avec un ordre de priorité pour les nouveaux projets et après avoir insisté sur les options fondamentales que sont la justice sociale et la solidarité nationale, le chef de l'Etat a évoqué la nécessité d'une «rationalisation» de la dépense publique, de la consommation interne de l'énergie et des importations ainsi que d'un meilleur contrôle du commerce extérieur en général pour éviter l'évasion de capitaux. Les commentaires qui ont suivi ces instructions du président de la République ont été nombreux. Tous les points ont été développés. Chacun y a apporté sa touche d'observations. Un seul point a été esquivé. Aucune voix pour l'aborder. Vous l'avez deviné, il s'agit de l'évasion de capitaux. Via le commerce extérieur évidemment. A l'aller comme au retour pourrait-on dire, pour désigner l'import-export. Sans nous attarder sur les raisons d'un tel zapping, il faut retenir que le plus gros danger, surtout en ces temps de choc pétrolier, est là. Dans ces évasions de capitaux sous des formes diverses. De la surfacturation à l'exportation de produits soustraits à la consommation nationale, les astuces sont nombreuses. Aux produits de basse qualité, quand ce n'est pas carrément de la contrefaçon, alignés sur des prix plafonds, nos importations s'illustrent également par des quantités dépassant nos besoins. Il s'agit généralement de produits et de matières premières destinés à la transformation en vue de leur réexportation. C'est la double évasion «aller-retour». Ceci n'explique pas pourquoi ces évasions de capitaux ne retiennent pas l'attention des commentateurs. Depuis quelque temps on évoque, sans tabous, l'existence de lobbys. Ceux qui défendent leurs intérêts évoquent sans vergogne le droit international, les traités et la liberté de commercer. A aucun moment ils ne s'aventurent sur les restrictions normatives avec lesquelles les pays de l'OMC régulent leurs importations. Ils ajoutent que de toutes façons l'Etat n'a pas les moyens de contrôler l'important flux et reflux des marchandises. Alors et lorsqu'on entend un ministre de la République comme celui de l'Habitat, Abdelmadjid Tebboune, déclarer qu'il considère comme crimes économiques les importations de produits fabriqués par l'industrie locale l'espoir reprend le dessus. Tebboune prône l'économie patriotique en ces temps troubles qui charrient nombre de dangers. Tous les Algériens devraient être des Tebboune. Il s'agit d'un aspect vital de notre existence. Peut-on être complaisant avec des agissements qui mettent en jeu nos moyens de souveraineté? Un autre ministre de la République, Amara Benyounès, propose comme moyen pour la rationalisation de «subventionner les personnes nécessiteuses et non plus les produits». Lui aussi réfléchit en patriote sauf que recenser les nécessiteux et mettre en place les canaux pour leur faire parvenir l'aide individuellement, ne sont pas chose aisée. Ce qui n'empêche en rien d'y travailler en parallèle dès maintenant. S'agissant de l'énergie en interne il est impératif d'instaurer des tarifs progressifs. Comme pour l'électricité et le gaz (qu'on pourrait étendre à la consommation en eau) pourquoi les carburants y échapperaient-ils? Le tout est de réfléchir au paiement, à la pompe, avec une carte de crédit. Un système adossé au fichier numérique national des cartes grises. D'autres économies sont possibles. Il ne faut pas avoir peur des mots, nous sommes face à une guerre économique mondiale engagée par les places financières. Une situation qui exige le resserrement des rangs de tous les Algériens. Sellal l'a rappelé en demandant «une solidarité nationale sans faille» à partir de 2015. Appel au devoir patriotique!