Les propos «triomphalistes» des leaders de la Cnltd, au seul motif que les services de l'ordre ont empêché la manifestation d'Alger, traduisent l'indigence d'une scène politique qui fonctionne «aux mètres parcourus» par les opposants. La scène nationale a été, avant-hier, le théâtre de l'une des batailles politiques que se livrent épisodiquement le pouvoir et l'opposition. Il n'y avait aucune improvisation dans ce que l'opinion a été amenée à constater. Les partis de la Coordination nationale des libertés et de la transition démocratique voulaient sortir des «réseaux sociaux» et tester leurs capacités de mobilisation. Après avoir pris le train de la protestions contre le gaz de schiste en marche et malgré le refus de la société civile de In Salah d'être intégrée dans aucun agenda politicien, la Cnltd a ignoré ces protestations et construit toute une stratégie politico-médiatique pour mettre toutes les chances de son côté, dans sa première «grande sortie» publique contre le pouvoir. Le gaz de schiste devait lui servir de cheval de Troie pour «prendre d'assaut» l'opinion nationale et passer pour une force politique, au moins, aussi forte que le pouvoir. En réalité, les animateur de la Cnltd n'ont pas trouvé leur dénominateur commun dans la cause anti-schiste. N'importe quel autre sujet, les aurait mis d'accord à la seule condition qu'il ait suscité une levée de boucliers dans les milieux citoyens. En fait, l'opposition était tout simplement en attente d'un «train pour le prendre en marche». Et pour cause, à voir les identités idéologiques de la composante partisane de ladite coordination, il est clair qu'aucun rapprochement ne peut être envisagé, ni au plan électoral et encore moins dans l'optique d'une coalition anti-pouvoir. On voit, à ce propos, le RCD faire un bout de chemin avec le MSP ou le MRN. Et si ces deux derniers partis sont de la même obédience politique, il est quasiment impossible de croire à une alliance avec le nouveau parti de Benflis. Bref, la Cnltd n'est pas ce qu'on pourrait qualifier de bloc politique de nature à se mesurer au pouvoir, dans le modèle qu'a vécu l'Europe de l'Est au début des années 1990. L'absence d'un leader charismatique, susceptible de faire converger les énergies, complète ce terne tableau d'un groupe de formations politiques dénué de toute stratégie digne de ce nom. Les partis qui peuvent se targuer d'une vision idéologique, que sont le PT et le FFS, n'ont pas rejoint cette coordination et se sont désolidarisés de l'action du 24 février. Les Algériens qui connaissent la faiblesse politique et structurelle de la Cnltd n'ont pas répondu à l'appel, déjà surmédiatisé plusieurs jours avant. Les propos «triomphalistes» des leaders de la Cnltd, au seul motif que les services de l'ordre ont empêché la manifestation d'Alger, traduisent l'indigence d'une scène politique qui fonctionne «aux mètres parcourus», par les opposants. En effet, la réflexion d'un des marcheurs qui a crié victoire, parce qu'il a réussi à tromper la vigilance d'un agent de l'ordre public, résume assez bien l'ambition d'une opposition, laquelle ne cherche pas à faire avancer les choses, mais juste déranger les détenteurs du pouvoir. Le qualificatif «cheval de Troie» prend toute sa signification au sens où les responsables de la Cnltd ont fait mine d'ignorer les propos d'authentiques opposants, sur le gaz de schiste. Les déclarations de Sid Ahmed Ghozali ont été ignorées parce que ne cadrant pas avec l'objectif premier de la manifestation, à savoir sortir dans la rue pour sortir dans la rue. Il faut dire que dans cette bataille, les représentants du pouvoir ont plus d'arguments que l'opposition. Le Premier ministre et le secrétaire général de l'ugta sont restés dans le thème du 24 février et plus encore, ils ont placé le débat au niveau qui devrait être le sien. Il faut être aveugle pour ne pas voir des velléités de déstabilisation du pays à travers les «départs de feu» que l'on enregistre un peu partout dans le sud du pays, pour des motifs confessionnel, social ou environnemental. Le discours de Abdelmalek Sellal, à ce propos, est limpide et ne souffre d'aucune interprétation tendancieuse. Le danger est bel et bien à nos portes et même dans nos villes. Cela, le Premier ministre, le président de la République et le secrétaire général de la Centrale syndicale l'ont souligné. Les Algériens qui ont vécu les affres des errements politiciens et voient les conséquences des «soulèvements populaires» avec pour seul programme le renversement d'un régime, n'ont pas suivi l'opposition dans sa démarche contestataire. La société est demandeuse d'un meilleur cadre de vie, d'une hausse de son pouvoir d'achat, mais certainement pas d'un ensemble de partis qui lui disent tout et n'importe quoi et parce qu'il ne sont pas dans les institutions du pays, tentent d'occuper la rue pour casser lesdites institutions, qui doivent leur existence au suffrage universel. Les partis du gouvernement sont ceux qui ont remporté des élections locales et législatives. Les «petits» partis de la Cnltd ne parvenant pas à placer leurs militants à l'APN et dans les APW, cherchent la moindre étincelle sociale pour se faire voir des Algériens. Enfin, on en est arrivé, au lendemain du 24 février, à la conclusion que l'Algérie est gouvernée par une majorité insérée dans les institutions de la République et chahutée par des opposants qui ne connaissent pas leur véritable mission.