Le Nigeria attendait hier les premiers résultats des élections des gouverneurs et des représentants des assemblées locales des Etats, un scrutin que l'opposition espère remporter dans la foulée de sa victoire historique à la présidentielle. Les opérations de vote ont dû être prolongées hier à certains endroits, dont l'Etat stratégique de Rivers (sud), où, selon la Commission électorale indépendante (Inec), certains bureaux n'ont pu ouvrir samedi faute de matériel électoral, et des bulletins ont été volés dans d'autres bureaux. L'Inec a qualifié le scrutin de «relativement pacifique», tout en déplorant avoir enregistré 66 incidents violents. Le porte-parole de l'Inec s'est refusé à donner un bilan chiffré de ces violences. Seize de ces 66 incidents se sont déroulés samedi dans l'Etat de Rivers, a-t-il précisé. «Les choses se sont bien passées. Nos bureaux de vote ont ouvert à l'heure pour la plupart, et les lecteurs (de cartes biométriques) ont bien fonctionné» a déclaré le porte-parole de l'Inec, Kayode Idowu. Les lecteurs de cartes biométriques, utilisés pour la première fois cette année pour éviter les fraudes, ont engendré de nombreux couacs techniques lors de la présidentielle le mois dernier. Le rôle des gouverneurs, qui tiennent les cordons de la bourse dans des domaines-clés, tels que l'éducation, la santé et les infrastructures, a souvent plus d'impact direct sur la population que celles du président, selon certains experts. Et à l'échelle du pays, ils représentent un pouvoir collectif fort, face aux autorités d'Abuja. Le Congrès progressiste (APC) du futur président, Muhammadu Buhari - élu fin mars et investi fin mai - ne détient que 14 des 36 Etats de la fédération nigériane, tandis que le Parti démocratique populaire (PDP) du président sortant Goodluck Jonathan en contrôle 21. Mais l'APC espère bénéficier d'un effet d'entraînement, chez les électeurs, suite à sa victoire à la présidentielle. L'Etat stratégique de Rivers, au sud, où le gouverneur sortant, Rotimi Amaechi, un ancien pillier du PDP, a rejoint l'APC en cours de mandat, est le théâtre de tensions et de violences sporadiques, qui ont éclaté pendant la présidentielle et se sont poursuivies lors des élections locales, samedi. C'est de cet Etat que provient une grande partie de la production pétrolière et gazière du premier producteur d'or noir africain.