Les nouveaux venus ont découvert une université qui se cherche désespérément. Les bacheliers ont pris, hier, le chemin des universités mais pas celui des amphithéâ-tres. D'après des échos qui nous sont parvenus de plusieurs établissements, l'organisation est loin d'être au point. Les moyens dont dispose le ministère de l'Enseignement supérieur sont largement en deçà des besoins des 700.000 bacheliers inscrits pour cette année universitaire. Partisans du «tout va bien», l'éminence grise du département de Harraoubia a démesurément amoindri l'énormité du déficit, laissant les retards s'accumuler tant et si bien qu'il s'est avéré impossible de les rattraper à temps. Les nouveaux venus, fraîchement promus au statut d'universitaires, ont découvert une université qui se cherche désespérément dans un immense environnement dont les seules ressources se résument à des...manques en tous genres ainsi qu'un fonctionnement foncièrement bureaucratique. Comme leurs prédécesseurs, ceux qui ont fait leur baptême du feu d'hier devront passer inévitablement par une période de «rodage». L'indisponibilité des salles, l'insuffisance d'enseignants, des amphithéâtres surchargés, la dénuement des bibliothèques et bien entendu, le début tardif des cours seront les principaux désagréments auxquels les nouveaux bacheliers s'adapteront, à leur corps défendant, d'ici quelques semaines. Cela sur le plan pédagogique. En ce qui concerne l'hébergement, les choses sont plus compliquées. Car si les répercussions des carences d'ordre pédagogique pourraient être suppléées par des efforts supplémentaires (recherches personnelles), les aléas de l'hébergement risquent de conduire à l'abandon. Bien que la rentrée officielle ait bel est bien pris effet, nombre d'étudiants vit des nuits houleuses dans les résidences universitaires. Pour la plupart d'entre eux, ils sont contraints de faire le porte-à- porte quotidiennement. Leurs requêtes auprès de l'administration n'ont reçu qu'un flegmatique «soyez patients, tout rentrera dans l'ordre». En plus du fait que la rentrée s'effectue au ralenti, un lourd passif de l'année précédente demeure à l'ordre du jour. Des dizaines d'étudiants attendent encore l'affichage des résultats des examens de rattrapage. Tel qu'on l'avait signalé dans nos précédentes éditions, cet ajournement a entravé la reprise progressive (elle concerne les anciens universitaires) qui a commencé - timidement - depuis le 22 septembre. A la lumière de ce constat négatif, et qui n'est malheureusement pas exhaustif, l'inquiétude, à présent, n'est plus de savoir si le ministère de tutelle tiendra ses engagements consistant à assurer une année universitaire «réussie», mais celle de savoir si l'année en cours ne serait pas plus médiocre que les précédentes. Des résidences submergées, un volet pédagogique désorganisé et une tutelle de plus en plus désemparée, sont autant de mauvais signes annonciateurs d'un malaise aussi profond qu'handicapant. La dernière illusion perdue est celle relative au recrutement de 600 enseignants étrangers de «rang doctoral». Il s'ajoutera au bilan virtuel d'une année universitaire «réussie».