Le président de l'APN est resté évasif sur la révision de la Constitution La reprise des travaux parlementaires intervient dans un contexte particulier pour l'Algérie qui fait face à une crise multidimensionnelle. La session d'automne du Parlement a été ouverte hier par les présidents des deux chambres en présence de la majorité du staff gouvernemental, à sa tête le Premier ministre, Abdelmalek Sellal. La reprise des travaux parlementaires intervient dans un contexte particulier pour l'Algérie qui fait face à une crise financière induite par la chute des prix du pétrole, à des défis sécuritaires et s'apprête à la révision de la Constitution. Si, dans leurs allocutions, le président de l'APN, Mohamed Larbi Ould Khelifa, et celui du Sénat, Abdelkader Bensalah, sont longuement revenus, pour saluer les décisions du gouvernement, sur la conjoncture économique, il n'en demeure pas moins que sur les questions politiques, les deux responsables sont restés circonspects, notamment en ce qui concerne le projet de révision de la Constitution. Alors que M.Ould Khelifa a été évasif sur le sujet lorsqu'il a énuméré les projets de lois attendus pour cette session, son homologue du Conseil de la nation a évoqué le sujet mais sans aucune précision. Il s'est juste contenté de souhaiter que la révision soit intervenue dans des «délais raisonnables», alors que le Premier ministre avait déclaré, quelques instants plus tôt, que le projet est fin prêt. Cette révision annoncée en grande pompe le 15 avril 2011 peine à voir le jour malgré toutes les promesses. En revanche, les présidents des deux chambres du Parlement ont insisté sur la nécessité de la mobilisation pour faire face aux défis qui attendent le pays. Ainsi, le président de l'APN a appelé à la vigilance «devant les risques de l'affaiblissement de l'intérieur» et à faire en sorte que l'élite et le peuple ne se préoccupent pas uniquement des questions fabriquées de toutes pièces sur les rites, l'origine et la langue dans un pays au sein duquel cohabitent les spécificités locales dans la paix et la fraternité, à travers les siècles. Il a plaidé pour la conjugaison des efforts et la création d'un consensus entre les partenaires politiques et les organisations socioculturelles afin de sauvegarder la sécurité et la stabilité de l'Algérie. «Ce qui est important, a-t-il soutenu, c'est le dialogue entre les partenaires de la classe politique et l'entente autour des questions essentielles qui intéressent le peuple, l'Etat, le présent et l'avenir de l'Algérie, notamment le projet de la Constitution de la République qui a été présenté à une large concertation, à l'effet d'élargir la base démocratique et d'ancrer les institutions de l'Etat moderne». Pour M.Ould Khelifa, la force de l'Algérie réside dans son unité nationale, son homogénéité sociétale et la préservation de notre Etat national pour lequel les Algériens ont payé un lourd tribut afin de recouvrer sa liberté et sa souveraineté. Dans le même esprit, le président du Sénat a appelé à la constitution d'un front interne uni pour défaire le terrorisme qui commet, de temps à autre, des attentats. Les présidents des deux chambres du Parlement ont rendu un hommage appuyé à l'ANP et aux forces de sécurité impliquées dans la lutte contre le terrorisme. «Il est de notre devoir d'exprimer, au nom de tous les députés, notre gratitude et toute notre reconnaissance à l'Armée nationale populaire et les forces de sécurité pour les efforts consentis afin de prémunir l'Algérie des risques des résidus du terrorisme et du crime transfrontalier dans notre grand pays qui dispose de frontières de plus de 6000 kilomètres, dans un environnement trouble et dans des conditions très difficiles. Notre armée et les institutions sécuritaires constituent la forteresse de l'Algérie et la soupape de sécurité qui méritent le soutien et l'appui de tous», a lancé Larbi Ould Khelifa.Ce dernier a rappelé que l'Algérie a depuis longtemps mis en garde contre les dangers du terrorisme et de l'extrémisme sous toutes ses formes. «Elle a réussi à vaincre ces phénomènes grâce à l'union du peuple, des forces de l'Armée nationale populaire et des institutions sécuritaires. Elle a réussi à rétablir la paix et à remettre le pays sur la voie du développement grâce à la réconciliation nationale», a-t-il souligné, précisant que «le monde entier est convaincu aujourd'hui que le terrorisme n'a ni frontières ni religion ni nationalité, il est l'ennemi de l'humanité et de la civilisation». L'orateur souligne également que l'Algérie est aujourd'hui la première à oeuvrer pour le tarissement des sources de financement du terrorisme tant de l'intérieur que de l'extérieur du pays. Le FFS boycotte L'ouverture de la session d'automne du Parlement a été boycottée par le plus vieux parti de l'opposition. Dans un communiqué, le groupe parlementaire du parti a expliqué qu'il ne participe pas à une cérémonie «purement protocolaire d'un Parlement qui persiste dans son incapacité à jouer un autre rôle que celui d'une chambre d'enregistrement». «Alors que se mettent en place les signes d'une grave crise économique, il est incapable de contrôler l'action de l'Exécutif qui préfère légiférer par ordonnances», dénonce le groupe parlementaire. Il considère que le fait de passer la loi de finances complémentaire (LFC) et l'amendement du Code pénal entre deux sessions parlementaires «constitue une violation de l'esprit de la Constitution et du fonctionnement normal des institutions de l'Etat et confirme l'hégémonie de l'exécutif sur le législatif». «Tenter d'éluder et de contourner le débat public sur ces questions, dans la situation actuelle du pays, c'est persister dans la dérive politique», déplore encore le FFS dont les parlementaires «trouvent plus judicieux de participer à la Conférence économique et sociale qu'organise le parti» en ouverture de son université d'été à Béjaïa que de participer «à une cérémonie purement protocolaire d'une chambre d'enregistrement».