Le Schéma national d'aménagement du territoire 2025 vise à lancer des pôles de compétitivité. L'institut de prospective économique méditerranéen (Ipemed) a établi un rapport dans lequel il constate que les fondamentaux de l'économie algérienne tardent à évoluer et que comparativement à d'autres pays du sud de la Méditerranée (Psem), l'Algérie n'a pas encore enclenché la diversification économique. Malgré ce constat, le rapport de l'Ipemed arrive tout de même à constater quelques progrès. «Notons que le gouvernement algérien a récemment mis en place le Schéma national d'aménagement du territoire 2025, visant à lancer des pôles de compétitivité pour moderniser son territoire. Ces schémas, lorsqu'effectifs, auront pour ambition d'encadrer et d'encourager un rattrapage dans les secteurs à haute valeur ajoutée tels que les TIC et les biotechnologies», est-il écrit. Mais ces efforts sont trop récents pour conduire immédiatement les pays dotés en hydrocarbures à parvenir à la diversification et il semble même qu'ils l'ont retardée ou ne l'ont pas encore enclenchée comme en Algérie. Selon les rédacteurs du rapport, le pays apparait encore exclusivement dépendant de sa production d'hydrocarbures et aucune industrie ne semble en mesure de prendre le relais si la production ou le prix devaient annoncer le déclin de l'industrie extractive, est-il écrit. Ainsi, même si les rédacteurs du rapport tiennent compte des objectifs du gouvernement contenus dans son plan d'action de juin 2014, ils ne pensent pas que des résultats significatifs soient obtenus depuis cette date. Ce retard entrave les investissements locaux dans divers secteurs, et ce au moment où les investissements directs étrangers sont fortement corrélés à la conjoncture économique et politique mondiale et à la confiance des entreprises. L'Institut rappelle que les crises de 2000, 2007 et 2011 ont fortement freiné les IDE sortant d'Europe vers les Psem, y compris l'Algérie et même l'accélération des IDE observée depuis les années 2000 est brutalement stoppée en 2007. Le ralentissement économique mondial a aussi impacté l'Algérie et son groupe régional qui est moins intégré à l'économie mondiale et où les IDE européens ne dépassent pas un maximum de 50% du montant total. Et n'atteignant même pas un milliard d'euros pour l'Algérie. A titre de comparaison, il est constaté une forte progression des IDE entrants (45 milliards d'euros en 2012) enregistrée par la Turquie dans les années 2000 ce qui coïncide avec le retour à une forte croissance et à la stabilisation économique née du début des négociations d'accession à l'UE, une conjonction de facteurs prisée des investisseurs. Pour l'Algérie, le déclin des IDE européens n'a pas été compensé par des investissements d'autres régions. Le rapport note également que la valeur des IDE entrants dans les pays du Sud n'est pas encore à même de concrétiser les ambitions de développement économique rapide, même si la tendance du début des années 2000 laisse l'espoir qu'une accélération est possible. Autre constat: la nature des IDE, au Sud, conduit encore à trop peu de production de valeur ajoutée. Ainsi, Algérie semble surtout intéresser les investisseurs pour ses ressources en hydrocarbures. Cela n'empêche pas le rapport de constater que la convergence de compétitivité est possible comme l'illustre «parfaitement l'intérêt de la coproduction» valorisant le transfert des compétences et capitaux dans des stratégies de marché concertées. Ceci laisse penser que les complémentarités sont désormais optimales pour la réussite de telles opérations. Il y a aussi les dispositifs de soutien à l'activité économique des pays du Sud comme l'Algérie qui peuvent également se fixer comme ligne de renforcer leurs acquis de compétitivité et d'utiliser le levier de la coproduction pour optimiser leurs investissements sur les catégories où elles accusent du retard comme dans les infrastructures et l'enseignement supérieur. Tous ces constats conduisent l'Institut européen de prospective à conclure que les pôles de compétitivité sont parmi les pistes pressenties pour diversifier l'économie de l'Algérie.