«J'ai tenu à expliquer le but de ce pont humanitaire et culturel entre le Nord et le Sud. Certes, le resto ne correspond pas aux normes de projection d'une salle de cinéma mais si je touche une personne, c'est déjà une personne de gagnée!» nous confiera Mehdi Hachid... C'est un restaurant fait avec du coeur et grâce aux mains d'artisans. L'Atelier, affaire quasiment de famille, se veut aussi un espace d'art et d'exposition. Effectivement, si les cimaises de son établissement sont ornées de tableaux de ces artistes qui figurent sur la liste de son réseau, il n'en demeure pas moins que ce resto qui offre en outre de la bonne nourriture veut apporter un plus. Une plus value de démarcation qui se situe dans cette optique et que le directeur artistique, Mehdi Hachid, un jeune artiste lui -même qui bosse avec son cousin souhaiterait farouchement mettre en place. Ça commence déjà pas mal. Pour info, notre artiste photographe lui-même de son état et propriétaire d'une future galerie d'art est membre actif du Timber (montagne à Djanet) projet qui consiste en un pont culturel et humanitaire reliant Alger et Djanet, le Nord et le Sud. Avec le concours de son réseau artistique et culturel, (une communauté qui s'est créée sur le réseau social Facebook et qui consiste à mettre en lumière les acteurs activant dans ce milieu), le resto de l'atelier/ café d'Alger a été choisi par l'équipe de Yann Arthus-Bertrand afin de présenter le premier volume du documentaire engagé Human. Plusieurs projections sont programmées dans le Nord, mais aussi au Sud du pays entre novembre et janvier 2015. Mehdi Hachid a tenu à souligner l'importance de ce film qui compte à ses yeux de par le sujet traité et qui touche notamment les populations du Sud et qu'il entend aider de par son réseau d'artistes dont certains partent souvent dans le Sud et organisent une série d'activités entre photo, musique et vidéo là-bas, dans un esprit d'abord d'échange et de partage mais aussi dans le cadre de la résidence artistique créée dans ce sens là-bas. Des aides artistiques mais aussi économiques qui se tiennent tout au long de l'année, a t-il souligné. «J'ai tenu à présenter le projet, pour expliquer le pourquoi de ce pont humanitaire, et essayer aussi de regrouper des jeunes qui ne viennent pas nécessairement pour manger. Aujourd'hui, c'était une soirée thématique avec une clientèle spécifique. Il peut y avoir des chefs d'entreprise, des écrivains. Un peu de tout. Justement ce n'est pas une salle de cinéma, mais un resto qui ouvre un espace à une projection. Si j'ai une brèche je le fais. Si je touche une personne c'est déjà une personne de gagnée!» nous fera remarquer notre hôte. Et d'indiquer que dans les prochains jours, des artistes musiciens seront invités dans le cadre de jam session. Une manière aussi d' égayer l'atmosphère dans cet agréable établissement situé à Sidi Yahia. «Je suis un homme parmi 7 milliards d'autres. Depuis 40 ans, je photographie notre planète et la diversité humaine et j'ai le sentiment que l'humanité n'avance pas. On n'arrive toujours pas à vivre ensemble. Pourquoi? Ce n'est pas dans les statistiques, dans les analyses que j'ai cherché la réponse, mais dans l'homme», déclare le réalisateur Yann Arthus-Bertrand à propos de son film. Et pourtant, dans son nouveau documentaire, l'homme avance beaucoup. Il est en perpétuel mouvement paradoxalement. Tout comme le réalisateur qui suit une multitude de trajectoires dans la planète, l'homme ici est suivi pas à pas dans ses différentes pérégrinations et chemins dans cet espace infini qu'est la Terre. En effet Human est composée d'images aériennes inédites et de témoignages face à la caméra. Il s'agit avant tout d'une fresque singulière qui dresse un portrait de l'humanité d'aujourd'hui entre rires et larmes, sourire et silence, expressions cocasses ou tragiques, déclarations frivoles ou émouvantes, spontanéité naïve ou franchise désarmante à fleur de peau. Les témoignages qui se suivent en effet ont tous quelque chose de nous-mêmes, entre fragilité et profondeur la caméra de YAB parvient à capter dans le moindre bruissement de cils le pouls du monde. A travers ces témoignages bouleversants c'est toute la cruauté humaine qui est déversée entre joie et malheur, entre instants de réflexion, d'introspection et de respiration. Il y a cette folle recherche de la vérité qui guette le film. Peut-être donner surtout à des gens la chance d'avoir la parole, tout simplement. L'opportunité de se raconter et nous, de les écouter. Enfin. Dans ce premier volume qui survole nos émois et notre part d'ombre, le réalisateur semble aiguiser son film en trois parties en interrogeant à chaque fois ses acteurs sur ces cruciaux sujets: l'amour, le travail et puis la pauvreté. Trois thèmes qui semblent se distinguer et sur lesquels plane une musique lancinante faite d'opéra et de poésie qui nous arrache notre âme pour la sonder davantage, encore plus qu'elle est triturée par tous ces questionnements sensibles qui ne peuvent laisser indifférents. Un film d'apparence légère qui revêt un caractère surfait, niais, tant parfois la réalité citée frise le ridicule ou le cliché désuet et pourtant la vie est en effet tellement remplie de surprises qu'elle ne cessera jamais de nous surprendre et nous émouvoir dans son cercle infini. Une réalité que le réalisateur a su sublimer par ces regards humains dont la suite est à découvrir dans les volume deux et trois de la saga. Une suite nous dira Mehdi Hachid qui sera projetée prochainement à l'hôtel Sofitel. Une bonne continuation alors à l'équipe de l'Atelier...