Le secteur du transport des voyageurs n'est pas à l'abri de perturbations à venir... «C'est un truisme que de parler de retombée des augmentations des prix du carburant, décidées par la loi de finances 2016, sur les conditions d'exercice de l'activité de transport» En dépit des assurances du ministre, les organisations des transporteurs sont unanimes: les augmentations des prix du billet sont inévitables. «Si les prix du gas-oil augmentent, il y aura augmentation (des prix des billets de voyage», a déclaré Farouk Ameuri, président du bureau de l'Union nationale algérienne des transporteurs de Tipasa précisant que c'est le ministre des Transports lui-même qui a promis cette augmentation, lors de l'audience qu'il a accordée, le 30 décembre dernier, à des responsables de l'Unat. Et de poursuivre: «C'est, d'ailleurs, sur la base de cette position du ministre que le bureau national (qui s'est réuni hier) a pris la décision de ne rien entreprendre, sur le terrain, d'ici la fin de la semaine en cours». Parce que l'Unat n'écarte pas la possibilité de recourir à des actions de protestation pour obtenir une augmentation des prix des billets de voyage. Une augmentation qui, pour notre interlocuteur, «est inévitable». Et ce, nous a-t-il précisé, «au regard de celle, aujourd'hui, effective, des prix du carburant, et de celles intervenues depuis quelque temps déjà, des prix de la pièce de rechange et du matériel lui-même». Le caractère inévitable de l'augmentation des prix des billets de voyage a été également souligné par Hocine Bouraba, président de l'Onta (Organisation nationale des transporteurs algériens), une organisation qui revendique, à l'échelle nationale, 22.000 adhérents parmi les chauffeurs de taxi, 41.000 parmi les transporteurs assurant le transport de voyageurs et 17.000 autres versés dans celui des marchandises. «C'est un truisme que de parler de retombée des augmentations des prix du carburant, décidées par la loi de finance 2016, sur les conditions d'exercice de l'activité de transport», nous a-t-il, en effet, répondu quand nous l'avons interrogé à ce sujet. Pour illustrer ses propos, il nous a déclaré que «depuis le début du mois en cours, un transporteur assurant la ligne Alger-Oran débourse, quotidiennement, pour faire le plein de gas-oil, 2500 DA de plus qu'il ne le faisait avant lesdites augmentations. Et qu'en milieu urbain, le surplus que paye tout transporteur y exerçant, dans le même objectif, atteint les 700 DA». Sauf que pour le président de l'Onta, «la solution à ce problème récurrent de l'augmentation des prix du billet de voyage, doit être globale et faite sur la base d'une étude pertinente». Une étude, a-t-il tenu à nous le préciser, que «l'Onta ne cesse, depuis des années, de réclamer à la tutelle et qui devra, avec la participation des ministères du Commerce et des Finances, déterminer scientifiquement, sur la base d'un certain nombre de données, le prix réel du billet de voyage». Un prix qui servira de base à toute augmentation inévitable à venir. Selon Bouraba, en effet, «le prix d'un billet, en milieu urbain, ne peut aucunement être inférieur à 50 DA». Une valeur que les usagers auront du mal à supporter, a-t-il néanmoins reconnu. D'où son appel à ce que «l'Etat soutienne les transporteurs et ce, quel que soit leur statut juridique». «Comme cela se fait partout dans le monde et comme il le fait pour les entreprises publiques: l'activité de transport de voyageurs n'étant nullement rentable aussi bien chez nous qu'ailleurs», a-t-il poursuivi à l'appui de son appel. Dans la foulée, il n'a pas manqué de rappeler le poids du secteur privé dans ce secteur sensible: «Avec 12 millions de voyageurs transportés quotidiennement, celui-ci assure 95% des activités qui s'y déroulent...» Ce qui ne l'a pas empêché d'annoncer que «son organisation» s'oppose à toute augmentation anarchique des prix des billets». Une augmentation qu'il souhaite être décidée en commun accord avec le ministère de tutelle. Dont il attend qu'il prenne en considération, comme compensation aux effets des augmentations des prix des carburants, les propositions que l'Onta lui a transmises, il y a une vingtaine de jours; des propositions qui portent «sur l'assainissement des dettes fiscales des transporteurs, l'allégement de l'IFU (Impôt forfaitaire unique) qu'ils payent, et la réduction de 50% des frais de stationnement dans les gares routières...». Des déclarations et des informations qui laissent supposer que le secteur du transport des voyageurs n'est pas à l'abri de perturbations à venir...