«Aucun pays ne peut être déclaré sauvé de façon permanente s'il ne veut pas l'être!» Mario Monti (ancien président du Conseil italien) Doucement mais sûrement, dans un monde qui change, l'Algérie fait sa mue. Partant du constat qu'il y a des exigences nouvelles pour lesquelles les instruments du passé deviennent désuets, le président de la République Abdelaziz Bouteflika a entamé un vaste chantier institutionnel. Ainsi, les amendements apportés dans la nouvelle Constitution vont dans ce sens, pour bâtir un Etat moderne et démocratique, cette Constitution est porteuse d'espérance, elle est porteuse d'une vision, d'un projet, elle constitue un réel désir d'avenir. D'ailleurs, le président de la République a annoncé la mise en place d'une cellule de suivi chargée de veiller à la concrétisation de ces amendements sur le terrain, certes c'est une décision louable, mais la concrétisation sur le terrain nécessite aussi l'implication d'hommes et de femmes qui ont cette autorité naturelle qui est la marque des grands fauves de la politique. Il est grand temps de se rassembler autour d'un projet mobilisateur, de regarder tous ensemble dans la même direction car l'intérêt du pays, du peuple, de notre démocratie et de la République doit primer sur les prudences politiques et les calculs claniques. Aujourd'hui il y a une nécessité de renouveau que le pays ressent dans ses profondeurs, ce renouveau passe obligatoirement par un changement radical de doctrine économique car l'ordre économique en vogue présentement a dépassé la date de péremption. De grandes et profondes réformes de l'économie, des réformes difficiles et courageuses deviennent une urgence, le pays a tous les atouts pour devenir une puissance économique régionale, il faut que ceux qui sont au gouvernail de notre économie prennent conscience qu'ils peuvent rentrer dans l'histoire s'ils parviennent à métamorphoser radicalement l'architecture de l'économie nationale. Aujourd'hui les choses se compliquent, surtout avec les convulsions répétitives des marchés pétroliers, il est vrai qu'il est plus simple de réformer avec un pétrole à 140 dollars qu'avec un pétrole à 40 dollars, mais il faut réformer, il n'y a pas d'autres issues et surtout n'épiloguons pas sur tant d'occasions ratées... Cette baisse des revenus pétroliers peut être notre malheur, mais elle est surtout notre ultime chance si on prend conscience que cette belle et grande Algérie est loin d'être qu'un puits de pétrole, l'Algérie est un pays aux immenses potentialités non exploitées, par la faute de cette rente pétrolière qui a aveuglé tout le monde, à 140 dollars le pays se disait riche, alors qu'en réalité c'est une richesse par procuration il est vrai que cette manne pétrolière a servi dans tous ces grands projets (routes, barrages, logements, remboursement de la dette, politique sociale), des projets qui ont amélioré les conditions de vie des citoyens. Oui, l'Algérie peut tenir le coup et rebondir en diversifiant son économie, que de gisements de richesse qui sont restés en jachère, il faut juste libérer les initiatives, donner forme au modèle algérien et se mettre au travail. Il est vrai que sur ce plan, la communication institutionnelle a été défaillante, elle n'a pas été capable de vendre une image d'une Algérie qui a les capacités d'avoir une autre vie, une vie meilleure en dehors des hydrocarbures, il est vrai que rien n'a été fait pour sortir du pessimisme, du «déclinisme» et du défaitisme ambiant... L'Algérie peut remettre son économie sur la voie de la croissance, avec ses propres forces, ces forces qui sont de véritables leviers de croissance; ces leviers sont l'agriculture qui est sous-exploitée et archaïque, ce secteur doit être la priorité des priorités, le solaire un gisement de richesse dans un pays qui a 3000 heures de soleil /an, le tourisme avec une véritable politique touristique, l'industrie une autre grande priorité, oui l'Algérie doit devenir une terre d'industrie, une puissance industrielle régionale. D'ailleurs, la politique industrielle que conduit le ministre de l'Industrie et des Mines Abdessalem Bouchouareb va dans ce sens et tant mieux, l'économie numérique est un autre levier de croissance, l'Algérie peut devenir exportatrice de services en encourageant la création de start-up innovantes surtout que la ressource humaine de haut niveau dans ce domaine existe, autant de leviers de croissance avec au bout des créations de richesses et de valeurs. Ainsi, depuis Dubaï, le Premier ministre Abdelmalek Sellal a confirmé un changement de politique économique allant dans le sens d'une véritable réforme et cette déclaration vient juste après le vote de la nouvelle Constitution qui renforce la liberté d'entreprendre, garantit la création de richesse et surtout qui ne fait plus de discrimination privé-public. Ne gaspillons pas cette énième occasion, cette dernière chance de devenir une puissance économique émergente car, dans le cas contraire, ceux qui clament que la dégringolade des prix du pétrole n'est pas la seule inquiétude, auront eu gain de cause... (*) Consultant en communication et membre du Care