Le vote a eu lieu le 8 février au soir Au final, la démarche du couple Hollande - Valls a fortement divisé les rangs de la gauche, larguant un certain nombre de ses valeurs, au grand dam de nombreux ténors du Parti socialiste lui-même... L' article controversé inscrivant la déchéance de la nationalité dans la Constitution, pour les auteurs de crimes et délits terroristes, a été adopté dans la nuit de mardi à mercredi par l'Assemblée nationale française, à une courte majorité: 162 voix contre 148. Des débats pour le moins houleux, avec des divisions affichées à gauche comme à droite, ont encore agité l'hémicycle. Cliquetis des mots, choc des propos, chacun y est allé de son invective, à gauche contre la citadelle branlante du hollandisme et à droite contre un Sarkozy euphorique dans les librairies, mais fortement malmené dans les rangs des Républicains. Le fameux article controversé inscrivant la déchéance de la nationalité dans la Constitution pour les auteurs de crimes et délits terroristes ne fait guère l'unanimité, pas plus à droite qu' à gauche, c'est là la seule chose évidente. Tétanisée, la communauté musulmane, en général, et algérienne, en particulier, semble tristement terrassée par l'ampleur de l'islamophobie ambiante, et rares sont les réactions, dans un sens ou un autre, qui ont accompagné le vote de cette disposition dont tout le monde sait qu'elle vise en premier lieu les binationaux. Morcelées en une multitude d'associations locales, sans emprise réelle sur les enjeux politiques ou économiques de leur quartier, ces communautés subissent en silence les conséquences néfastes des actes criminels de desperados issus de leur rang et embrigadés par des groupes terroristes à coups de discours radicalisants et de finances opaques. Les rares oppositions qui se sont manifestées depuis des mois ont vite été réduites au silence tandis que la droite et l'extrême droite, confortées par la stratégie du couple Hollande - Valls en surenchère avec leur programme, tirent les marrons du feu, sans qu'il soit nécessaire de battre la campagne. Après la démission annoncée de Christiane Taubira, les coups de gueule de Jean-Luc Mélenchon, les critiques acerbes du Parti communiste et des écologistes, la gauche apparaît comme plus divisée que jamais. Que peut ajouter, dés lors, la sortie inattendue du ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, qui s'est démarqué une nouvelle fois, hier, en exprimant publiquement son désaccord sur la question de la déchéance de la nationalité? «J'ai, à titre personnel, un inconfort philosophique avec la place que ce débat a pris. On ne traite pas le mal en l'expulsant de la communauté nationale, il faut prévenir et punir implacablement», a-t-il déclaré lors d'une conférence. Habitué des polémiques, Macron avait déjà défrayé la chronique en affirmant, au lendemain des attentats de novembre 2015, que la société française «doit assumer sa part de responsabilité» dans la radicalisation de certains jeunes en déshérence dans les cités-ghettos. Il avait alors subi les foudres du Premier ministre, Manuel Valls qui n'a plus caché, depuis, son inimitié à son égard. Or ce nouveau couac intervient à une encablure du remaniement auquel le président Hollande doit procéder dans les tout prochains jours. Au final, la démarche du couple Hollande - Valls a fortement divisé les rangs de la gauche, larguant au fur et à mesure du parcours un certain nombre de ses valeurs au grand dam de nombreux ténors du Parti socialiste lui-même, comme Benoît Hamon, et le résultat en est que l'opinion tend fortement aujourd'hui à l'exigence d'une primaire pour désigner le candidat légitime et unique à l'élection présidentielle de 2017. Drapé dans une politique libérale clairement affichée, François Hollande ira-t-il à cette primaire, accompagné de son inséparable Manuel Valls? Ce serait comme s'il se tirait une balle dans le pied, les augures pour une adhésion renouvelée des formations écologiste, communiste et même socialiste se montrant fort pessimistes. Et comme il ne reste que quelques mois pour un vote crucial auquel voudront participer plusieurs prétendants qui piaffent d'impatience depuis des années, on ne voit pas comment une volte-face opportune pourrait fondamentalement changer les états d'esprit...