Les professeurs médecins et les médecins spécialistes feront bénéficier les étudiants en médecine de leur expérience Les départs à la retraite vont être effectués au compte-gouttes. Le personnel médical et paramédical n'aura plus le droit au départ à la retraite anticipée. Cette décision vient d'être signifiée par le ministre de la Santé et de la Population, Abdelmalek Boudiaf, à tous les directeurs de la santé publique de wilaya et aux chefs des établissements hospitaliers et des Centres hospitalo-universitaires (CHU), à l'effet de geler l'étude de tous les dossiers de départ à la retraite anticipée du personnel médical et paramédical du secteur à leur niveau. Le ministre Boudiaf avait même, selon une source concordante au ministère de la Santé, demandé aux mêmes responsables de reporter d'une année renouvelable le départ à la retraite légale pour le personnel paramédical ayant fait des demandes pour faire valoir leur droit à la retraite. La présente dérogation a eu l'approbation du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, afin de combler le manque de personnel paramédical dont souffre le secteur de la santé et qui est estimé à plus de 70%. Ladite mesure permettra aussi, a-t-on appris, de garder encore pour quelques années les professeurs médecins et des médecins spécialistes pour faire bénéficier les étudiants en médecine de leur expérience dans les universités et pendant la période de leur stage au niveau des hôpitaux. La vision des choses de M.Boudiaf n'est pas du tout partagée par le personnel médical et paramédical. Les syndicats du secteur, notamment le Syndicat des praticiens de la santé publique (Snpsp), ont refusé en bloc l'application de ces nouvelles mesures qui vont tout droit à l'encontre des intérêts de la corporation et empoisonner davantage leur quotidien. Hier, à l'occasion de la rencontre de réconciliation qui devait avoir lieu entre les représentants du Snpsp et le ministre, Ilies Mérabet et ses collègues syndicalistes ont quitté aussitôt la salle de réunion au siège du ministère, en raison de l'absence du ministre et de son secrétaire général. Pour exprimer leur mécontentement, les représentants du Snpsp ont réaffirmé l'appel du conseil national du Syndicat d'observer une journée de grève le 18 avril prochain au niveau de tous les établissements hospitaliers. Celle-ci sera suivie, ont-ils indiqué, par l'organisation de sit-in devant les directions de la santé de toutes les wilayas. Ce retour aux mouvements de protestations dans le secteur de la santé intervient dans un contexte critique pour la réforme qui peine à être concrétisée sur le terrain et apporter ses fruits. Pour les professionnels du secteur, la véritable réforme du secteur de la santé est celle qui met en avant la prise en charge du facteur personnel. Or, la réforme qui est en train de se mettre en place par les autorités, a pris en considération tous les aspects sauf le facteur humain qui est en réalité la colonne vertébrale du secteur. Le personnel médical et paramédical, souligne-t-on, est en train d'évoluer dans un milieu inadéquat, caractérisé par des conditions de travail catastrophiques et des agressions au quotidien de la part des patients. A cela s'ajoute le rythme intenable du travail qui fait que le personnel exerce lors des week-ends et des jours fériés sans la moindre reconnaissance des responsables du secteur qui viennent de montrer hier une nouvelle fois leur mépris pour la corporation, conclut-on.