Le nouveau Premier ministre turc Binali Yildirim a adressé des signaux d'apaisement en direction de plusieurs pays voisins de la Turquie avec lesquels les relations se sont tendues ces dernières années, dans un entretien avec la presse paru hier. «Israël, la Syrie, la Russie, l'Egypte... Il ne peut pas y avoir d'inimitié permanente entre ces pays qui bordent la Méditerranée (ou) la mer Noire», a déclaré M.Yildirim dans une interview publiée par le quotidien turc Hürriyet. Après avoir longtemps mené une diplomatie suivant le principe «Zéro problème avec les voisins», la Turquie s'est retrou-vée isolée dans sa région, se mettant à dos plusieurs pays proches, comme la Russie, la Syrie et Israël. Nombre d'observateurs estiment que le remplacement le mois dernier d'Ahmet Davutoglu, maître de la diplomatie turque pendant plus de 10 ans, par M.Yildirim pourrait permettre de repartir sur de nouvelles bases avec les pays voisins. Les relations entre Ankara et Moscou sont glaciales depuis que la Turquie a abattu, en novembre, un bombardier russe accusé d'avoir violé l'espace aérien turc au-dessus de la frontière syrienne. Avec Israël, des négociations sont en cours depuis plusieurs mois pour restaurer les liens tendus depuis un assaut mené en 2010 par des commandos israéliens contre une flottille humanitaire à destination de Ghaza dans lequel dix Turcs avaient été tués. «Nous ne sommes pas encore arrivés à un résultat. Mais je ne pense pas que cela durera encore très longtemps», a déclaré M. Yildirim, cité par Hürriyet. Les relations avec l'Egypte se sont brutalement dégradées en 2013 après la destitution du président issu des frères musulmans Mohamed Morsi par l'armée, après laquelle Ankara a dénoncé un coup d'Etat. «Mais cela ne doit pas être un obstacle aux relations commerciales entre les deux pays», a souligné le Premier ministre turc. Sur le dossier syrien, la Turquie demande depuis le début de la guerre en 2011 le départ du président Bachar al-Assad et s'oppose à toute velléité autonomiste kurde dans le nord du pays, reprochant à Washington de soutenir une milice kurde, considérée comme «terroriste» par Ankara, pour combattre le groupe Etat islamique. Soulignant qu'Ankara n'accepterait pas le «fait accompli», M.Yildirim a réaffirmé: «L'intégrité territoriale de la Syrie est importante pour nous».