L'Algérino, de son vrai nom Samir Djoghlal, est né à Marseille. Il est découvert tôt par Akhenaton. Il fait vite le buzz avec ses morceaux où le son du bled est facilement discernable et mixé au rap. Après le vendredi, il a remis ça, dimanche dernier où il est venu se produire à nouveau, à Alger, après la forte demande du public, composé majoritairement de jeunes garçons et filles, qui, le temps d'une soirée bien enflammée se sont senti vraiment «les princes de la ville». Le jeune rappeur au regard d'azur a interprété ses plus beaux titres des plus entraînants notamment Diggy Style, Banderas, Hasni, Dana, Jugni Ji, Bawa, et plus de deux fois son célèbre tube le Prince de la ville sous un chapiteau plein à craquer et prêt à céder face à la température des plus chaudes qui régnait à tel point que l'humidité coulait du toit. Mais n'en déplaise aux jeunes qui eux, se sont éclaté comme des fous, dans ce pays, où il ne vous reste au final qu'à se demander: «Alors on danse?». La roubla était garantie! Retour avec l'artiste sur ses envies et ses coups de coeur, dans cette interview... L'Expression: Vous vous êtes encore produit cette année, dans le cadre du Well Sound by Djezzy au chapiteau du Hilton. Ça fait quoi de revenir à chaque fois ici? L'Algérino: C'est toujours un plaisir. C'est devenu à la limite un rituel de venir à chaque mois de Ramadhan ici. C'est une date que j'attends tous les ans. Et chaque année c'est de mieux en mieux. C'est une fierté de jouer à chaque fois en Algérie. Vos chansons sont un melting-pot de sons rap, rnb, fusion avec de la musique maghrébine chantée dans les deux langues arabe et français, voire plus... Pourquoi cette soudaine couleur maghrébine? C'est pour moi une grande source d'inspiration. Des choses dans la musique algérienne surtout. Il y a une vraie folie dans cette musique qui relève du génie. Je ne suis pas insensible à ça, en plus ce sont mes racines. J'en ai écouté depuis que je suis petit. De plus j'écoute beaucoup de raï. Après il y a des sonorités qui me dérangent car je trouve parfois que c'est mal mixé. Mais toujours dans les mélodies il se passe vraiment quelque chose de génial. Donc je m'inspire beaucoup et je suis à l'aise dans ce style-là. Vous êtes de Marseille, découvert par Akhenaton, mais pourquoi vous n'êtes pas resté dans le style rap pur? Mais je fais du rap, pour ceux qui me connaissent vraiment il savent que j'ai commencé à faire du rap pur et dur avec des textes bien profonds, après on évolue avec son temps et c'est devenu de plus en plus mélodieux. Si on plonge dans mes albums, on découvrira qu' il y a de tout. C'est vrai que mes singles que je propose sont plus festifs, estivaux, mais il y a toujours ce petit engagement dans mes textes. Déjà le fait de s'appeler L'Algérino en France c'est un grand engagement je trouve. Un mot sur le morceau Bawa? Bawa je l'ai tourné chez moi à Khenchela. Dans mon village. C'était un retour aux sources dans les terres de mes parents, de mon grand-père. On peut apercevoir la maison de mon père, pour moi c'est un des plus beaux titres que j'ai pu faire dans ma vie, vraiment il est chargé en émotion. On l'a bien soigné. J'ai ramené une équipe technique de France pour m'assurer une qualité d'image qui me plaisait beaucoup. Et on a tourné dans mon village. C'est un hymne aussi à la berbérité de l' Algérie. Effectivement, vos clips sont toujours bien soignés, travaillés... l'Algérino fait aussi attention à son image, son apparence, se crée un personnage... Il y a eu effectivement deux périodes dans ma carrière. Une période où je me suis concentré uniquement sur ma musique et avec l'ère d'Internet, on est obligé de s'intéresser aussi à l'image, donc j'ai commencé vraiment à travailler sur mes clips, les scénariser. Je les réalise et écris moi -même. Je me régale. Peut-être que plus tard, j'écrirai des scénarios de films. L'image est devenue importante mais quand même l'essentiel ça reste la musique. Quand je fais un titre, il faut d'abord qu'il parle aux gens et après je me dis: là il faut le cliper. Apres ça m'arrive de prendre des risques. Comme pour le clip que j'ai tourné à Khenchela, c'est un titre engagé mais pas forcément accessible à tous les publics, mais j'ai voulu ramener cette espèce de fantasia dans ce clip où ça tire dans tous les sens. Ça a pesé. Les gens ont bien aimé; j'aime me prendre la tête pour faire un clip, mais pas jusqu'à en faire un souci. Mais c'est devenu important de faire de bons clips. Surtout que je ne fais pas beaucoup d'interviews. J'ai envie que les gens connaissent ma personnalité à travers mes clips. Je fonctionne vraiment au feeling, comme quand je rentre en studio, je ne sais pas où je vais. Je n'ai pas de direction artistique précise. Dans les clips c'est pareil. Comme dans Banderas, c'est un morceau un peu latino, malgré que ça reste du raï. J'ai commencé à écrire le scénario, et puis il y eut cette référence aux transporteurs. Au début ce n'était pas prévu, mais après, on s'est cassé la tête. Apres avoir rencontré quelqu'un. Le plus important aussi c'est de prendre du plaisir avant tout. Il faut vraiment que je m'amuse sans pression. Je ne sortirai jamais un titre qui ne me plaît pas ou juste pour le faire sortir.