L'Achoura de cette année a été marquée à Alger, par une action caritative d'un riche commercant de meubles ETS Douar, sis 28 boulevard Mohamed V. Une longue procession de jeunes et de moins jeunes, jeunes filles et avec leurs bébés sur les bras, attendaient en face de la demeure du riche propriétaire dès les premières heures de la journée. Vers six heures, le trottoir attenant au siège du Croissant-Rouge algérien, était déjà empli de monde. C'est que «la nouvelle du don» circulait déjà la veille. Les gens désignent le bienfaiteur de «général à la retraite». Sexagénaire, aux cheveux grisonnants ; le monsieur, l'air digne, était habillé en costume cravate et entouré de proches, tenait à distribuer en personne, aux nécessiteux les billets de cinq cents dinars. Un important cordon de sécurité, formé d'éléments de la police nationale, tentait tant bien que mal à gérer le flux de véhicules, peu dense en cette journée fériée mais rendu difficile du fait de la présence de ce rassemblement exceptionnel. Au départ, et vu de loin, beaucoup croyaient, y compris la presse, qu'il s'agissait de dons distribués par le Croissant-Rouge algérien (CRA) dont le personnel restait coi devant la grandeur du spectacle. C'est vers onze heures, alors que l'ordre semblait enfin régner parmi la masse agglutinée au bas de l'immeuble, que la distribution proprement dite des billets commençait réellement. C'est que les présents sont des habitués de l'action de ce richissime personnage. En somme, le spectacle était poignant et renseignait sur l'ampleur de la pauvreté qui sévit encore dans quelques poches de la société. La présence de ces vieilles dames titubantes prouvent le changement social radical que subit imperceptiblement mais sûrement la société algérienne. Notons que ce genre d'actions caritatives est légion dans l'Algérois, notamment de la part de riches industriels dont le souci est de purifier la fortune par l'aumône de l'Achoura. Discrètes, ces actions peuvent parfois prendre des allures étonnantes. Serait-ce le destin de l'Algérie, pays riche mais où des pans entiers de la société sont réduits à des conditions de vie extrêmement difficiles? Etrange paradoxe. Hier, dans Alger, la capitale, la scène était insolite mais réelle. Une longue procession d'êtres humains criaient haut et fort leur mal-être que l'on entoure de silence comme certains secrets de famille, la pauvreté en Algérie un jour d'Achoura, fête religieuse où l'on fait don de la zakat pour purifier sa fortune.