Avec une situation sociale tendue, les syndicats ont appelé à la mobilisation et sont entrés depuis en action afin de faire reculer le gouvernement. Les derniers mouvements de grève initiés par les différents syndicats n'ont pas été sans préciser la véritable carte syndicale locale. Ces mouvements, qui devaient toucher tous les secteurs de par les motivations qui les ont suscités, ont permis d'établir un état des lieux de la représentation des syndicats dans le monde du travail à Béjaïa.Avec une situation sociale tendue aussi bien au niveau de la wilaya qu'au niveau national induite notamment par les réformes économiques rigoureuses, dont le projet de Code du travail, la suppression de la retraite anticipée et proportionnelle et les augmentations prévues dans la nouvelle loi de finances, les syndicats ont appelé à la mobilisation et sont entrés depuis en action afin de faire reculer le gouvernement. Pour la première fois, tous les syndicats ont fait cause commune, mais pour ne paralyser que le secteur de l'éducation et celui de la santé et là encore en partie. L'Ugta, le Snapap, le Cnapest, l'Unpef, le Satef, le SAP, le Snapest, le Snte sont tous partis en guerre contre les réformes de Sellal, mais dans un élan assez faible si on considère la mobilisation et les secteurs touchés. Ce qui explique d'ailleurs l'offensive du gouvernement à travers ses représentants affirmant leur intention d'appliquer les réformes rendues nécessaires par la situation économique du pays. Les syndicats autonomes sont également animés par une autre revendication liée à la participation aux tripartites (gouvernement, syndicats et patronat). C'est en fait cette dernière revendication qui motive le plus les syndicats autonomes, exception faite du Snapap qui a pris part à la dernière tripartite tenue en juin dernier.Pour l'Ugta, l'ex-syndicat unique, il reste le plus présent dans tous les secteurs aussi bien administratifs qu'économiques. La chute du prix du pétrole, la dévalorisation continuelle du dinar a induit un déficit en matière de plans de charge qui peut selon l'Ugta de Béjaïa se traduire par la mise au chômage des travailleurs si ce n'est pas carrément la fermeture des entreprises. Dans le secteur économique, seule l'Ugta est présente comme partenaire social. En dépit de sa mobilisation, en deux années, elle perd trois entreprises publiques qui ont fait les beaux jours économiques de la région. Hydro-aménagement, Socerca d'Amizour et la briqueterie d'Amizour relèvent désormais du passé. D'autres entreprises économiques locales demeurent sous la menace, affirme l'Ugta. L'ETR, Gecob et Soba dans le secteur du bâtiment et ArcelorMittal en voie d'extinction. L'EPB, l'Erenav, les entreprises privées relevant de la fédération des transports, du textile et celles de l'agroalimentaire (La Belle, Danone, Soummam, Hamoud Boualem) affichent une bonne santé et travaillent avec l'unique partenaire syndical qu'est l'Ugta.Si l'Ugta est présente partout dans tous les secteurs et revendique 33.000 adhésions, soit 30% de la masse des travailleurs, le Snapap affiche sa force au sein du secteur administratif tandis que le reste des syndicats dits autonomes ne sont présents, que dans le secteur de l'éducation. L'Ugta est respectée par la Centrale syndicale. Elle est classée 5ème au rang des unions de wilaya du pays affiliées à l'Ugta. L'Ugta se présente comme un partenaire du gouvernement et pas forcément proche du parti FLN.Le Snapap est un syndicat influent au sein de l'administration publique. Il n'existe pas dans le secteur économique public ou privé. Il est divisé en deux ailes. L'aile Ferfoul Belkacem, un député du RND, qui ne donne pratiquement plus signe de vie. L'aile Rachid Malawi, un enseignant universitaire domine les débats et revendique quelque 2 000 adhésions dans le secteur de l'administration publique (impôt forêt, commune etc... Le Snapap n'est pas un syndicat corporatif, mais sectoriel. Sa présence est nulle dans le secteur économique public et privé.Le Cnapest est un syndicat dirigé par Slimane Zenati, un professeur de lycée. Ce syndicat puise sa force dans du secteur de l'Education nationale, notamment au niveau des établissements du secondaire avant de l'élargir moyennement dans les établissements du moyen. L'Unpef trouve son existence dans les collèges et les écoles primaires. Après avoir dominé fortement, l'Unpef recule à la faveur de l'arrivée du Snapap et du Cnapest, le retour de l'Ugta. Le Satef n'a d'existence que par quelques individus au niveau du deuxième cycle. Tout comme la Snte dont l'influence touche seulement les adjoints de l'éducation. Le Cnes est un syndicat qui domine le secteur universitaire, notamment le corps des enseignants. Cependant, il n'est pas présent dans le secteur des oeuvres universitaires où seule l'Ugta encadre les travailleurs avec une faible présence du syndicat des corps communs et des ouvriers professionnels. Le SAP, enfin, domine le corps des paramédicaux de la wilaya.