La mobilisation des syndicats autonomes montre qu'il y a une ébauche d'une nouvelle union syndicale. Tout semble indiquer que la Centrale syndicale passe par une phase très délicate. Entre ses engagements envers le gouvernement et ses promesses pour les travailleurs de la fonction publique, elle est entre «le marteau et l'enclume». La mobilisation des syndicats autonomes pour la prise en charge des revendications des travailleurs de certains secteurs publics témoigne en quelque sorte de l'incapacité de l'Ugta à gérer les problèmes des travailleurs ou à satisfaire leurs revendications. On parle même de grogne au sein du syndicat. Contacté par nos soins pour affirmer ou infirmer l'information, l'un des représentants, Salah Djenouhat s'est contenté de répondre: «J'ai reçu des instructions de Sidi-Saïd de ne faire aucune déclaration à ce sujet en son absence.» La force des syndicats autonomes réside dans leur maintien de l'augmentation des salaires. Une revendication que tous les travailleurs de la Fonction publique espèrent arracher. Il faut reconnaître également que l'Ugta n'a pas réussi, jusqu'à présent, à convaincre le gouvernement d'une augmentation des salaires. Pourtant, les fédérations affiliées à la Centrale syndicale ont bien réussi à paralyser tous les secteurs et à rassembler des milliers de travailleurs lors de la journée de protestation contre les privatisations. Il est parfaitement clair que les réformes initiées par le pouvoir dans le secteur de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur, de la santé et de la Fonction publique en général, ont rencontré une grande résistance du fait des luttes des syndicats autonomes qui activent dans ces divers secteurs. D'ailleurs, les récentes grèves ont montré la domination du mouvement syndical autonome. Une question cruciale se pose aujourd'hui au mouvement syndical autonome : Quelle va être sa stratégie sur le terrain des luttes pour défendre les acquis syndicaux et est-ce qu'il pourra aller vers la construction d'une deuxième centrale syndicale? Les premiers éléments montrent tout d'abord qu'il y a une ébauche d'une union syndicale entre 7 syndicats autonomes dans le cadre du Cnls pour défendre les libertés syndicales et les revendications des travailleurs. Rappelons que le Cnls a été créé en pleine grève du CLA et du Cnapest pour défendre les syndicalistes et pour protester contre le refus, par le ministère du Travail, de délivrer le récépissé d'enregistrement pour le syndicat, Cnapest et celui de la wilaya d'Alger pour le CLA. Le Cnls a même préconisé la création d'une fédération dans le secteur de l'éducation nationale et de l'enseignement supérieur qui regroupera les syndicats CLA, Cnapest et Cnes. D'ailleurs, il n'y a pas deux jours, les syndicats de l'éducation nationale on affirmé qu'ils comptent revenir à la charge et préparer des actions communes pour faire aboutir leurs revendications. Il s'agit du Cnapest, du CLA, duSete de Béjaïa affilié à l'Ugta, du Snte de Bennoui, du Satef et de l'Unpef. La même démarche sera probablement adoptée au niveau du secteur de la santé par les syndicats qui y activent. Le mouvement syndical autonome semble en fait prêt à défendre les acquis syndicaux quotidiennement dans les divers secteurs d'activités où il existe. Y a-t-il donc menace sur l'Ugta?