Après l'avion de chasse, la coalition a abattu un drone des forces pro régime syrien La menace russe de pointer les missiles sur les avions de la coalition est étayée par le déploiement, depuis plusieurs mois déjà, des systèmes de défense aérienne S300 et S400 auxquels s'ajoutent des dizaines de chasseurs et bombardiers... Après avoir décidé la suspension du canal de communication militaire conclu avec la coalition internationale que conduisent les Etats-Unis en Syrie, la Russie vient d'annoncer qu'elle va pointer ses missiles vers tout avion de cette coalition internationale qui, rappelons-le, a abattu dimanche dernier un chasseur syrien et hier un drone des forces pro régime, des actes qualifiés par Moscou d' «agression». L'ire de la Russie s'explique aussi par le fait que, contrairement aux accords entre les deux superpuissances, les forces russes n'ont pas été «averties» de cette attaque contraire aux lois internationales. Le ministère russe de la Défense a ainsi indiqué que les «avions et les drones de la coalition internationale repérés à l'ouest de l'Euphrate seront suivis et considérés comme des cibles par les moyens terrestres de défense antiaérienne et par les moyens aériens». Le ministère a en outre confirmé, malgré l'appel des militaires américains qui souhaitent maintenir ces contacts, la suspension des canaux de communication établis avec les Etats-Unis dans le cadre du mémorandum sur la prévention des incidents aériens en Syrie. Pour Moscou, les actions de Washington à deux reprises constituent un «non-respect délibéré» de cet accord signé en 2015. L'état-major russe accuse Washington de n'avoir pas «prévenu» l'armée russe qu'elle allait abattre l'avion syrien et il exige une «enquête» sur cet incident. Les Etats-Unis cherchent toujours à calmer le jeu en affirmant vouloir rétablir le canal de communication avec la Russie, mais la décision russe de pointer ses missiles vers les avions de la coalition a déjà alarmé un pays membre, l'Australie, qui a décidé de retirer ses appareils du programme de bombardements en Syrie. D'autres pays risquent de suivre cet exemple, sachant que la menace russe est étayée par le déploiement, depuis plusieurs mois déjà, des systèmes de défense aérienne S300 et S400 auxquels s'ajoutent des dizaines de chasseurs et bombardiers chargés de soutenir l'armée syrienne dans son combat contre les groupes terroristes. A priori, l'armée russe n'a aucun intérêt à une confrontation directe avec les Etats-Unis et leurs alliés et c'est pourquoi on pense, du côté de la coalition internationale, que Moscou cherche uniquement à bomber le torse. Sauf que le soutien apporté par la coalition à certains groupes rebelles, considérés par Moscou et Damas comme terroristes et la volonté clairement affichée d'empêcher l'armée syrienne de reprendre le contrôle de certaines parties de son territoire menacé de morcellement au profit des combattants kurdes, entre autres, ne laisse pas le choix à la Russie, obligée de défendre ses bases aérienne et navale et donc de seconder le régime du président Bachar al Assad. En outre, les actions de Washington et de leurs alliés menace directement les intérêts de l'Iran qui est un allié inconditionnel de Damas. Ces dernières semaines, les offensives et les raids se multiplient dans la zone de Raqqa, bien sûr, pour en déloger les dernières forces de Daesh, mais également du côté de Deir Ezzor dont le champ pétrolier suscite bien des convoitises. Or, l'armée syrienne est pratiquement parvenue à la frontière avec l'Irak pour, à la fois, couper la retraite vers Mossoul des troupes de Daesh, mais surtout prendre possession de la région de Deir Ezzor, un objectif assigné par le chef de l'Etat syrien depuis de nombreux mois. C'est ainsi qu'à plusieurs reprises, la Coalition internationale emmenée par les Etats-Unis a attaqué des convois militaires pro-syriens en direction de Tanaf, notamment, tout en accusant Damas et Téhéran de tester la détermination des puissances soutenant l'avancée des FDS. De tels accrochages risquent de conduire à une escalade et même à de graves affrontements dès lors que l'armée syrienne est empêchée de protéger des pans essentiels de son territoire par des forces étrangères qui n'ont jamais été «invitées» à s'immiscer dans les affaires intérieures de la Syrie. Déjà, on l'a vu avec les premiers affrontements sanglants qui ont opposé, pour la première fois, des troupes pro régime se trouvant soi-disant «dangereusement proches de zones contrôlées par des forces soutenues par Washington» et les FDS. Résolument, l'armée syrienne progresse sur trois fronts - au nord, au Centre et au sud - et elle se dirige vers Deir Ezzor, qu'elle veut reprendre à Daesh. Bousculés, les combattants arabo-kurdes des FDS ont menacé, hier, Damas de représailles alors que l'Iran faisait état du tir de six missiles à moyenne portée (700 km) ciblant les bases de Daesh à Deir Ezzor. Le contexte d'escalade est à ce point tendu que la reprise, dans une semaine, des négociations d'Astana, paraît sérieusement compromise. L'ONU a d'ailleurs manifesté sa «profonde inquiétude» face à cette tension croissante dans une Syrie otage des nombreuses interventions étrangères.