Exaltés, ils glosent, persistent et signent en accusant l'Algérie de bloquer la construction de l'UMA. Les confrères du Royaume chérifien ont directement accusé hier, le président Bouteflika d'avoir «saboté» le sommet de l'Union du Maghreb arabe (UMA), prévu les 25 et 26 mai à Tripoli (Libye) annonçant ainsi une autre phase de turbulences des relations entre Alger et Rabat. Evidemment c'est au sujet du Sahara occidental que les plumes s'aiguisent. La question revient avec acuité, entêtante, obsédante pour nos confrères marocains. Il faut dire que pour le régime marocain, la survie de la monarchie est un axe stratégique prioritaire. Aussi cette manifestation d'animosité ne trouve-t-elle pas ses racines dans le mode autoritaire de légitimation du pouvoir au sein du Royaume. D'où cette réaction hystérique de la presse marocaine contre Alger. «En provoquant le Maroc, le président algérien a saboté le Sommet de l'UMA à Tripoli», accuse le Matin du Sahara, un journal pro-gouvernemental qui ajoute qu'en renonçant à aller au sommet de Tripoli, Mohammed VI «a montré à Abdelaziz Bouteflika que la provocation algérienne imposait une riposte». L'Algérie «enterre le Maghreb pour ressortir la hache de guerre d'une manière à peine voilée en encourageant les sycophantes et autres mercenaires (Ndlr: le Front Polisario) à agresser le Maroc» ajoute ce journal Pour le quotidien Al Alam, journal de l'Istiqlal (nationaliste), «le président Bouteflika cherche à balkaniser le Maghreb arabe et à pousser la région au morcellement, au lieu de l'unité et de la complémentarité». De son côté le quotidien L'Opinion juge que «dès lors qu'apparaît une dynamique de construction, qu'il s'agisse de normalisation bilatérale ou de construction maghrébine, Alger fait tout pour torpiller les efforts des uns et des autres». L'agence officielle marocaine Map estime, dans un commentaire diffusé lundi, qu'«en une semaine, nous avons eu droit à une multitude de provocations (Ndlr: de la part de l'Algérie). (...) Cela s'appelle une escalade, qui à l'approche du sommet de Tripoli, s'apparente à une quasi-conspiration». Aujourd'hui le Maroc, un autre quotidien, qui reprend toute la déclaration du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération titre en ouverture de Une: «Le Roi n'ira pas à Tripoli». «Le Maroc a fait des sacrifices au sujet de ses frontières avec l'Algérie», note le quotidien Essabah, en langue arabe, qui a repris les propos de chefs de partis politiques marocains dont Ahmed Osman, le président du RNI (Rassemblement national des indépendants) qui a accusé l'Algérie «qui par ses prises de positions s'ingère dans les affaires internes du Maroc». Exaltés, les médias marocains glosent, persistent et signent en accusant l'Algérie de faire capoter la construction du Grand Maghreb. Dans leur «fringale médiatique», par ailleurs intentionnée, nos confrères oublient un fait historique: le premier parti nationaliste algérien, l'ancêtre du Front de libération nationale (FLN), s'était dénommé Etoile nord-africaine. La première génération de nationalistes, menée par Messali Hadj, concevait en effet la libération de l'Algérie dans le cadre d'un Etat nord-africain unitaire et souverain qui n'est autre que le Grand Maghreb.