Une collégienne est prise en voiture. Trois cents km à l'ouest de Douaouda, elle est violée, menacée, battue, humiliée et puis encore... S.B. 14 ans, le 18 mars 2005 est invitée par Z.H., un clando, à monter en voiture. Depuis Koléa, l'auto prend la direction de Relizane via... Chlef. Le couple arrive vers les 20 heures. Z.H. rencontre un fonctionnaire de police qui les invite à passer la nuit chez son copain, M.R., un père de quatre enfants qui passait la nuit du 18 au 19 chez la grand-mère, histoire de les éloigner du domicile où le trio allait s'installer. La nuit s'écoule sans incident. Après l'aube, tout bascule pour S.B, qui portera plainte contre les trois individus. Devant le tribunal criminel de Blida, Z.H., H.S. et M.L. donneront chacun leur version des faits, le calvaire enduré par la jeune fille. Z.H est accusé de détournement de mineure de moins de 16 ans. Il risque dix ans de réclusion criminelle. M.S. et M.L. eux, sont accusés de viol avec violence et risquent douze et quinze ans. Et c'est l'implacable Rida Seriak, le PG, qui à l'issue d'une rude intervention, avait requis les trois peines. «Vous, Z.H., aviez passé outre l'âge de S.B., vous saviez qu'étant collégienne, vous n'aviez pas à la prendre dans votre voiture», s'était exclamé le PG qui s'en est pris surtout au fonctionnaire de police. «Votre devoir est de protéger les citoyens, pas de les terroriser ni de les humilier. Encore moins une mineure!», a encore dit Seriak Rida, qui a devancé les plaidoiries des avocats de la défense en effaçant du revers de la main l'idée que la mineure avait tout pour passer pour une... dame avec sa forte corpulence... Monsieur le président a tout fait pour que les débats soient sereins. Aucun incident n'est à signaler. Me Ouali Laceb et ses deux confrères, maîtres Khellil et Abdelkader Hamouche, ont, pour leur part, joué leur va-tout. «C'est la parole de cette gamine qui ne paraît pas l'être et ces trois gaillards», a sifflé Me Laceb qui s'est, en outre, dit outré par le fait que la victime profite de son statut de mineure pour raconter n'importe quoi à l'encontre de quelqu'un qui l'a accueillie chez lui, restaurée et offert un lit douillet. «La liberté d'une mineure s'arrête là où commence l'honnêteté de l'individu majeur, censé ne pas ignorer la loi...». Les deux autres défenseurs ont tour à tour, plaidé dans l'esprit de l'affabulation d'une jeune collégienne qui n'a pas dit un mot tout le long du trajet Koléa-Chlef. Consentante, donc! «Il y a un minimum de dix barrages de routine. Pourquoi n'a-t-elle pas crié au secours ou même gigoté de telle manière à attirer l'attention des services de sécurité?», ont dit Maîtres Khellil et Hammouche, motivés comme jamais. Me Mokhtar Mekfouldji, pour la partie civile, avait auparavant fait un boucan. Il a été tout simplement à la hauteur de la confiance de la famille de S.B., laquelle a raconté les moments difficiles et abjects qu'elle a vécus les larmes aux yeux. «Vous ne craignez pas la loi ni la justice. Craignez au moins Allah. Ce crime ne doit pas passer sous silence», s'est écrié le défenseur qui a rendu un vibrant hommage à la PJ et au parquet d'être allés au fond du dossier sans crainte, ni hésitation ni fioritures. A l'issue de longues délibérations, le président du tribunal criminel revient avec un verdict mi-figue, mi-raisin : cinq ans de réclusion criminelle.