L'affaire du wali de Blida n'est en réalité que la face visible de l'iceberg. «Nous ne sommes pas d'accord avec cette démarche sélective et manoeuvrière contre le FLN... nous ferons face à cette cabale, par une contre-campagne», déclarait Abdelaziz Belkhadem, vendredi dernier, devant les élus de son parti à Zeralda. Une réponse on ne peut plus «musclée» à l'opération «mains propres» lancée par le gouvernement Ouyahia contre certains élus, dont l'exemple le plus récent est l'affaire du wali de Blida. Cependant, l'opération en question est loin d'être une chasse aux sorcières. Au contraire, c'est une opération qui entre dans le cadre de la moralisation de la vie publique et l'instauration de la bonne gouvernance. L'affaire du wali de Blida n'est en réalité que la face visible de l'iceberg, puisque le dossier dans ses différentes facettes, à savoir l'abus d'autorité, détournement de deniers publics, de foncier et passation douteuse de marchés publics, ne date pas des dernières pluies. Le mal n'a épargné, en réalité aucune région ni institution de la République. Longtemps tues, ce genre d'affaires, une atteinte grave à l'économie nationale et aux intérêts de la collectivité, ternissent l'image de l'Algérie au niveau international et rendent vaines toutes les actions de l'Etat en direction des différentes franges de la société. L'annonce par le chef de l'Etat de l'installation d'un comité interministériel de lutte contre la corruption, dénote si besoin est de la volonté des pouvoirs publics à mettre un terme à une pratique qui continue à gangrener les institutions de l'Etat. Toutefois, il ne faut pas que cette noble initiative serve des desseins destinés à régler des comptes personnels. Il est à espérer que l'affaire dite des cadres emprisonnés, qui a défrayé la chronique au milieu de la dernière décennie, ne soit aujourd'hui qu'un mauvais souvenir, à mettre sur le compte de l'apprentissage et même parfois de jeux d'intérêts, au sein même du sérail. Par ailleurs, la mise en place au niveau de la direction des impôts, de la direction des grandes entreprises, véritables con s de fonds pour le Trésor public, n'est qu'un maillon de cette politique de lutte contre les crimes économiques. Car, par souci d'égalité devant l'impôt, il est inadmissible que les contributions des salariés soient prélevées à la source, alors que de gros bonnets de l'«import-import», passent outre les lois de la République, en amassant des richesses colossales sans verser le moindre sou à la collectivité. Cependant, pour que cette opération revête un caractère crédible, il faut qu'elle soit étendue à toutes les sphères de l'Etat, à commencer par les hauts cadres de la nation, censés donner l'exemple en déclarant publiquement leurs fortunes; leurs vraies fortunes. Pour ce faire, des enquêtes doivent être menées à tous les niveaux et conformément aux lois de la République, en direction de tout contrevenant. Comme force reste à la loi, toute personne physique ou morale surprise en flagrant délit de dilapidation de deniers publics, de foncier agricole et de fraude fiscale, doit ouvrir droit à un procès en bonne et due forme, lui permettant de se défendre et d'étaler ses arguments, en toute liberté et en présence de son avocat. C'est la seule façon pour l'Etat algérien de conférer à l'opération «mains propres» un caractère légal, loin de toute suspicion de chasse aux sorcières. D'autant plus, l'Algérie qui a approuvé la convention internationale de lutte contre la corruption et qui aspire à ouvrir son marché aux investisseurs étrangers, doit jeter les bases de la bonne gouvernance, à même de redonner confiance aux milieux d'affaires. Aussi, notre pays qui fut le premier en Afrique à avoir ouvert le dossier de la bonne gouvernance, lors du 35e sommet d'Alger de l'OUA, et qui a été parmi les initiateurs du Nepad, doit donner l'exemple en combattant le phénomène de la corruption sous toutes ses formes. C'est à ce niveau qu'intervient le rôle de l'appareil judiciaire qui doit statuer et en toute célérité sur des affaires qui demeurent en hibernation dans les tiroirs des chambres des cours et tribunaux.