De nombreuses légendes littéraires, effectivement diverses et variées, ont à travers les pays et les siècles fixé dans les esprits sensibles une image multiple de personnages fantastiques souvent à la limite de l'abjection, de l'horreur ou de la disgrâce d'une part, de la noblesse, du charme ou de l'admiration d'autre part... Il est aussi «le fil de l'âme, khayt er-roûh», en or et diamants, un bijou algérois par excellence. Il est millénaire, il est sacré, car il protège, selon la croyance populaire, contre les malheurs que pourrait provoquer un regard envieux. Souvent, la mariée ou la femme de haut parage, le porte traditionnellement sur le front, parfois ostensiblement autour du cou, et elle en tire de bons présages. Ce «fil de l'âme» est une pleine parure placée en épigraphe à ce recueil de poèmes écrits à différentes époques et publiés en plusieurs langues, mais pas tous, dans un passé bruissant de rêverie et de certitude qui reste authentique dans ma mémoire encore consciente. En effet, «Au fil de l'âme ancienne, au fil de ma mémoire présente», j'essaie de refléter ma nature et ma reconnaissance à tant d'amour reçu. En somme, juste là où je suis né, - Soûr El Ghouzlâne; là où j'ai fait mes études, - Soûr El Ghouzlâne, Boufarik, Alger, Bouzaréah; là où j'ai fondé mon foyer, - Soûr El Ghouzlâne, Birkhadem, Bir Mourad Raïs; là où mes aïeux ont vécu, - El Qaçba zemân-Alger; là où mes racines se trouvent, - l'Algérie; là où j'ai découvert d'autres peuples si différents et pourtant si proches de ce que j'aime, de ce que je respecte ou de ce que j'adore... Et l'on voudra bien considérer judicieusement que les poèmes de ce recueil «Le Fil de l'âme» complètent ceux qui sont, eux également, de divers âges, entre 1951 et 1964, et ont été publiés sous le titre flamboyant de patriotisme juvénile «Oui, Algérie», aux éditions Subervie, Rodez, France, en 1965. Une chance, je vis d'éternité aujourd'hui! Prétention, orgueil, tentation répréhensible, rien de toute cette puérile pensée...