Le nouveau chef de la diplomatie algérienne a tenu à exprimer les positions algériennes sur tous les sujets importants du moment. Mohamed Béjaoui, nouveau ministre des Affaires étrangères algériennes, a exprimé les positions de notre pays sur toutes les questions importantes du moment à l'occasion de sa première sortie publique depuis sa nomination à ce poste, alors qu'il occupait celui de président du Conseil constitutionnel. Cela a eu lieu hier à Djenane El-Mithak, lors d'un séminaire de préaffectation des agents diplomatiques et consulaires en présence des ministres de l'Intérieur et celui de la Solidarité, du ministre délégué aux Affaires maghrébines et du directeur général de la Sûreté nationale. Abordant le sujet des relations algéro-françaises, Mohamed Béjaoui répondra à notre interrogation sur la fameuse loi sur les rapatriés en indiquant qu'«il s'agit d'une affaire strictement franco-française». Auparavant, le chef de la diplomatie algérienne était revenu en détail sur l'ensemble des sujets importants du moment dans un véritable «discours-programme» en direction des nouveaux représentants de l'Algérie à l'étranger. Ainsi donc, pour ce qui concerne les relations algéro-françaises, le ministre a tenté de toucher du doigt les difficultés qui accompagnent l'édification de «relations excellentes» telles que souhaitées par les présidents Bouteflika et Chirac. Dans ce sens, Béjaoui précise que «l'Algérie et la France ont connu des affrontements et des épreuves douloureuses dans leur histoire mêlée, dont certaines fractures et séquelles subsistent encore». Cela n'est pourtant pas une raison pour se laisser aller au nihilisme, d'autant qu'une grande volonté politique d'aller de l'avant existe de part et d'autre de la Méditerranée. C'est pourquoi le ministre algérien ajoute pour dire que «nous voulons, dans le respect des valeurs de chacun, et du devoir de mémoire, inscrire notre relation dans une perspective de refondation résolument tournée vers l'avenir». Les deux pays, comme le rappelle encore le chef de la diplomatie algérienne, sont sur le point de signer un historique et déterminant traité d'amitié, non sans respect de chacun, avec la mise en avant du «devoir de mémoire». Il s'agit là, sans doute, de la réponse indirecte mais ferme de l'Algérie officielle à la fameuse loi sur les rapatriés français. Béjaoui, à ce propos, parle carrément de «réconciliation» entre l'Algérie et la France, ce qui ouvre la voie, au passage, à de nouvelles interprétations du fameux concept lancé par le président Bouteflika à l'entame de son second mandat. Le second «grand morceau» abordé par Mohamed Béjaoui a concerné les nouvelles tensions apparues entre l'Algérie et le Maroc depuis que Rabat a décidé de recourir à une nouvelle série de provocations allant du gel du processus d'édification de l'UMA jusqu'au refus de la visite de notre chef du gouvernement en passant par d'assassines insinuations sur une supposée implication du Gspc dans une attaque terroriste commise en Mauritanie. Jouant à fond la carte de l'apaisement, ce qui en termes diplomatiques signifie que l'Algérie est en position de force, le ministre algérien a souligné que «l'Algérie, peuple et gouvernement, sont pour un rapprochement entre les deux pays». Il ajoute que «nos deux peuples, marocain et algérien, méritent beaucoup mieux que cela». Notre chef de la diplomatie, lui, appelle à «l'apaisement des crises». Mohamed Béjaoui est également revenu sur les différents cadres de concertation et de coopération, tels l'UMA, le Nepad, le G8, les 5+5 et le processus de Barcelone pour réitérer les positions inaliénables de l'Algérie relatives à un développement durable et à visage humain, qui ne lèse aucune des parties contractantes. C'est, au reste, la même vision qui est développée pour ce qui concerne la prochaine entrée en vigueur de l'accord d'association avec l'UE ainsi que la phase finale de nos négociations en vue d'adhérer à l'OMC. Pour ce qui est des missions nouvelles qui attendent nos diplomates, Béjaoui se départira justement de son langage... diplomatique pour leur annoncer la fin des «petits fours, ronds de jambe» pour retrousser les manches et «se mettre à défendre les intérêts de l'Algérie afin de réhabiliter les réalités nationales qui ont radicalement changé». Il conclura pour dire que «l'Algérie a trouvé sa place dans le concert des nations ainsi que sa plénitude à l'intérieur».