Il est à noter que Horst Kohler va présenter le rapport de sa visite dans la région, dans six mois, devant l'ONU. Bien qu'il fut très court, le tête-à-tête entre le président de la République sahraouie Brahim Ghali et l'envoyé spécial des Nations unies Horst Kohler au Sahara occidental, lequel s'est déroulé dans la soirée de jeudi dernier les deux hommes ont pu aborder l'essentiel. C'est ce qu'a fait savoir en tout cas le président sahraoui dans une brève déclaration à la presse au terme de cet entretien. «Nous sommes très satisfaits de la franchise et la sincérité ayant caractérisé notre entretien. Nous avons pu exprimer nos points de vue et dénoncer dans les termes qu'il faut l'occupation du Maroc pour nos territoires.», a indiqué Brahim Ghali avec un air content. Et d'ajouter: «Nous avons également exprimé à Horst Kohler notre volonté de travailler et de coopérer avec lui afin de trouver une solution pour notre cause.» La volonté des Sahraouis de travailler avec les Nations unies est conditionnée, a fait toutefois remarquer Brahim Ghali, par la volonté du Maroc de coopérer avec les Nations unies. Bien que les Sahaouis préfèrent la solution pacifique, ils n'excluent pas du tout leur volonté de recourir au port des armes comme dernier recours pour recouvrer leur indépendance. Le président sahraoui qui a opté pour le moment pour la solution pacifique et la poursuite des négociations avec la partie marocaine, a appelé le Conseil de sécurité, particulièrement les six pays membres permanents, et le secrétaire général de l'ONU afin d'aider le nouvel envoyé spécial dans sa mission. Brahim Ghali compte aussi énormément sur l'Union africaine (UA) pour aider Kohler. «Le poids de l'Union africaine est devenu très important dans le monde et dans le processus des négociations entre les deux parties», a ajouté Ghali, en souhaitant bonne chance au nouvel envoyé spécial qui vient de se rendre pour la première fois dans les camps des réfugiés. Horst Kohler, qui est arrivé mercredi dernier pour une visite de deux jours, a déclaré qu'il ne connaît pas encore très bien la question sahraouie et qu'il est venu pour écouter les responsables sahraouis et voir de très près les conditions dans lesquelles vivent les Sahraouis dans les camps des réfugiés. A ce propos, il faut souligner que Kohler a visité deux wilayas Aoussered et Rabouni. Dans la wilaya d'Aoussered, l'envoyé spécial des Nations unies a eu droit à un accueil des plus populaires et il a pu rencontrer l'Association des femmes sahraouies. Ces dernières ont tenu à exprimer leur souhait de voir leur calvaire connaître son épilogue très bientôt. «La femme sahraouie comme son frère l'homme sahraoui ont hâte de voir le soleil de l'indépendance se lever sur la dernière colonie en Afrique», ont-elles souligné. Par ailleurs, Horst Kohler a eu des entretiens, le deuxième jour (jeudi, ndlr) avec les membres du Conseil consultatif et la délégation des négociateurs sahraouis. Les entretiens ont eu lieu à huis clos. Soulignons que la visite de l'envoyé spécial des Nations unies dans la région ayant commencé au Maroc, devait se poursuivre à partir d'hier en Mauritanie, et ce, avant de la terminer par une escale à Alger. Pour rappel, Horst Kohler n'a pas été accueilli comme il se devait au Maroc. Selon Mohamed Boukhari, représentant de la Rasd aux Nations unies, le Maroc a réservé en plus de l'accueil froid à l'envoyé spécial, un black-out médiatique total sur sa visite. Pour le responsable sahraoui, un tel accueil en dit long sur l'attitude du Maroc. Celui-ci visiblement persiste dans son entêtement et sa politique de fuite en avant. L'attitude du Maroc n'est pas seulement décevante pour les Sahraouis, a fait observer Boukhari, mais aussi pour les Africains. Car, les pays membres de l'Union africaine ont accepté le retour du Maroc au sein de l'institution continentale, dans l'intention de convaincre ce dernier à renoncer à sa politique colonisatrice et de revenir à l'application des accords onusiens. «Le Maroc refuse de corriger sa position, parce qu'il a un allié au nom de la France», se désole-t-il. «C'est la France qui encourage ce dernier à aller de l'avant et tourner le dos à la légitimité internationale», a déploré Boukhari, en soulignant que cette situation ne va pas durer longtemps, car la plupart des pays de la communauté internationale sont maintenant au courant de la justesse de la cause sahraouie. Il est à noter enfin que Horst Kohler va présenter son rapport devant l'ONU dans six mois.