Ce texte a suscité beaucoup d'indignation des deux côtés de la Méditerranée. Le président de la République estime «difficile de ne pas être révolté par la loi votée par le Parlement français le 23 février dernier et qui représente une cécité mentale confinant au négationnisme et au révisionnisme». C'est la première réaction algérienne à ce niveau de responsabilité, depuis la promulgation de la fameuse loi sur les rapatriés français qui a, rappelons-le, suscité beaucoup d'indignation des deux côtés de la Méditerranée. Le chef de l'Etat, qui s'exprimait à l'occasion d'un discours prononcé à l´occasion du 50e anniversaire de la création de l´Union générale des étudiants musulmans algériens (Ugema), a évoqué le traité d'amitié algéro-français, dont la signature est attendue pour la fin de l'année, en y appuyant le principe. Cependant, et à la lumière de l'attitude de la France officielle vis-à-vis de son passé colonial, le chef de l'Etat apporte une précision de taille. «Il est nécessaire de réaffirmer que si notre pays est prêt à signer avec l´Etat français un traité de paix et d´amitié sur la base de l´égalité des nations et de la complémentarité de nos intérêts, il ne saurait en aucun cas cautionner, même par son silence, une prétendue mission civilisatrice du colonialisme qui reste pour nous et pour tous les peuples colonisés de la planète, l´un des plus grands crimes contre l´humanité que l´histoire a connus», a-t-il soutenu, plaçant ainsi clairement le débat sur la loi du 23 février à un niveau officiel. Cela dit, le président de la République ne s'étonne pas du comportement dans l'ancienne puissance coloniale sur cette question précisément. Le Président de la République a indiqué que le projet de réconciliation nationale qu'il a l'intention de présenter au peuple algérien vise d'abord à induire une «mutation des mentalités rendant impossible toute nouvelle déchirure de notre société». Il a souligné que «pour cela, il est impérieux d'en finir avec la guerre symbolique des référents», ajoutant que «dans ses profondeurs, notre société aspire à la modernisation sans occidentalisation, comme elle reste attachée à l'islam sans Etat théocratique». Le président Bouteflika a par ailleurs rappelé que «le moteur de l'évolution du pays réside principalement dans le facteur culturel, plus que dans l'économie ou même la politique». «Il est des moments dans l'histoire des peuples où le possible devient réel non pas par le jeu des déterminismes économiques et institutionnels mais par une mutation des mentalités qui réorganise en profondeur le champ des pratiques et des représentations sociales», a dit le Chef de l'Etat. Le Président Bouteflika a rappelé qu'«il appartient aux millions d'intellectuels formés depuis quatre décennies d'engager un mouvement de réflexion, de création et d'action pour répondre aux attentes de leur société», assurant que «l'Algérie rebondira et étonnera à nouveau le monde».